Circé, fille d'Hélios, grandit au cœur de l'Olympe, elle observe avec attention les joutes des différents Dieux et constate leurs fourberies au fil des années et des siècles. Passant pour une jeune déesse sans pouvoir, ni intérêt, personne ne lui manifeste la moindre sympathie et ne s'inquiète de ses pouvoirs. Pourtant, elle transformera l'homme dont elle tombe amoureuse afin de le garder auprès d'elle pour les siècles à venir. Si au départ, personne ne l'en croit capable, les dieux sont bientôt forcés de constater son pouvoir lorsque Circé par jalousie transforme Scylla en monstre. Elle, ses frères et sa sœur sont des sorciers. Zeus réagit et disperse ces enfants à travers le globe par peur de leurs pouvoirs. Quant à Circé, elle est bannit, exilé sur une île au cœur de l'océan. Si au départ, elle subit la punition comme une trahison de sa famille, qui ne lui témoigne aucun soutien, elle en vient à apprécier cette solitude et est soulagé d'échapper à la compagnie des Dieux. Des années et des siècles s'écoulent sans qu'elle ne voit personne. Elle travaille ses sorts, ses potions et sympathise avec les loups et les lions qui dorment dans sa demeure. Pourtant, un jour, un navire vient, un homme du nom de Dédale, lui demande de l'accompagner afin d'aider sa sœur pour un accouchement qui s'annonce difficile. Affaiblie par l'affection qu'elle voue aux mortels, elle monte sur le bateau afin d'essayer de préserver les marins du monstre Scylla qui niche dans un recoin de falaise attendant avec voracité les navires tétanisés. Elle arrive auprès de sa sœur et constate avec stupeur qu'elle a plus en commun avec elle qu'avec le frère qui l'a abandonné à son sort lors de son exil. Ce n'est pas un bébé, qu'elle met au monde, mais le minotaure, un monstre béni des Dieux. Elle retournera sur son île, vivant de nouveaux des siècles, à se perfectionner dans l'utilisation de sa magie. De temps à autre elle accueillera chez elle des navires égarés et constatera la violence des hommes, elle en viendra à les haïr et à faire d'eux ses victimes. Et ce jusqu'à ce qu'Ulysse et ses hommes amarrent sur ses Terres, il l'enjoindra à la clémence. Ils se confieront, ils s'aimeront, ils feront l'examen de leur confiance, mais finiront par devoir se séparer. Un enfant de leur union viendra au monde, sans qu'Ulysse ne le sache jamais. Un enfant qui grandira étouffé par la protection de sa mère et qui sera ivre de liberté. Il finira par partir rencontrer son père, mais le pire se produit. Circé luttera pour garder son fils en vie et pour échapper à la divinité dont elle ne veut plus.
L'écriture est fluide et le récit bien ficelé. L'histoire nous tient en haleine jusqu'au derniers mots du livre. Les années ne représentent rien de plus que des jours pour une déesse qui à l'éternité devant elle, et si le roman s'étale sur un nombre d'années incalculable, le rythme est pourtant rapide et nous fait rebondir d'une aventure à l'autre sans pour autant perdre notre attention en route. L'histoire est une épopée, même si le personnage principal est souvent approfondie dans une routine qui est sienne, l'aventure vient à elle et la change au fil du temps. Le contexte mythologique qui entoure l'histoire est narré avec précisions et romancé avec habilité, au point qu'on arrive à se sentir proche de cette déesse à qui l'on découvre des facettes à chaque chapitre. À l'inverse au début de l'histoire, on se sent décalé par rapport aux personnages de l'Olympe où l'histoire prend racine. Si le lecteur n'arrive pas à se retrouver dans ces Dieux et Titans, c'est certainement là une volonté de l'auteur, nous ne nous sentons pas à notre place, de la même façon que Circé ne se sent pas non plus à sa place. Et puis sa routine s'installe et c'est comme si la maison de l'île devient la nôtre, tant nous aussi on apprécie l'histoire en ces lieux. Si la relation entre le lecteur et Circé est assez fusionnel, j'ai regretté qu'elle ne le soit pas davantage avec les autres personnages, notamment Ulysse et Téléganos, que l'on observe de l'extérieur sans arriver à cerner tout à fait leurs personnages.
Un roman que je recommande pour l'apport mythologique dont il nous fait part, pour la diversité de l'histoire, pour les rebondissements à hauteur ce ces épopées racontées depuis des milliers d'années, pour le regard critique sur la foi et pour l'idée défendu dans ce livre, du début à sa fin, à savoir que la solitude n'est pas une tare et qu'être différent des autres n'est pas toujours un tort, que chacun à ses qualités et ses défauts et que malgré tout la vie continue, mieux elle nous laisse le choix même si on en a pas toujours l'impression.