J’aime l’écriture de Reinhardt, et, quand j’ai su le sujet du dernier roman, j’ai eu hâte de le lire. Quand l’histoire d’un roman se mêle à la grande Histoire, je suis toujours preneur. En plus, un sujet scientifique. (La découverte d’internet faite par Pouzin)
Le vrai point de départ du Roman est la vie d’Ambroise Roux, son influence sur Giscard d’Estaing pour promouvoir les télécoms au détriment de l’informatique et de l’ancêtre d’internet. Internet récupéré par les américains.
A partir de là, l’auteur doit lier tout ça et insérer dans le roman : les lobbys, les députés véreux, les patrons. Il faut aussi montrer que la France, trop imbue d’elle-même, prétentieuse se fait piquer ses inventions par les Etats Unis.
On crée un héros qui doit être un peu matheux, pas trop, s’intéresser à la main mise des US sur la France et bien sûr enquêter sur Ambroise Roux.
Donc Dimitri fait des prépas, est bon élève mais, étant joli garçon ne voit vraiment pas ce qu’il pourrait faire avec les matheux boutonneux et plaque tout.
Et, il entre dans une société (parce qu’il couche) dont le métier est d’acheter les parlementaires. Ces chapitres sont stupides : Dimitri, 22 ans, refuse de porter une cravate et veut garder ses baskets, on lui pardonne, il a accès à l’assemblée nationale et déjeune avec des parlementaires qu’il peut acheter. Invraisemblable, mais il fallait bien que le héros connaisse le travail de lobbyiste.
Dimitri s’intéresse à Max Ernst. Pourquoi pas. Des chapitres qui ne sont pas dénués d’intérêt, mais si j’ai envie de lire un essai sur l’art je lis un essai sur l’art. Ces pages entières sur Max Ernst aux US sont ponctués de petits paragraphes où Dimitri note ses trouvailles dans son cahier Clairefontaine, tout ça pour qu’on reste un peu dans le roman. Ces textes sur max Ernst et Pollock sont là pour nous montrer la main mise des US sur ce qui se faisait de bien en France . Ce sera la même punition pour Internet plus tard.
Et Pouzin ? Il arrive? Rheinhart a trouvé un livre d’Anne de Caumont : ‘ le prince des affaires ‘ et nous fait une analyse de texte. Bien faite et mordante, et démonte le parti pris de cette écrivaine de faire l’apologie d’un patron de droite. Encore une fois si je veux un livre d’économie, je lis un livre d’économie et je prends mon Emmanuel Todd dénonçant les stato-financiers ou mon Piketty.
Dans tous ces chapitres complétement téléphonés pour les besoins du roman (Ernst, Amboise Roux), Rheinhardt a un mal fou à intégrer ce pauvre Dimitri qui n’est qu’un spectateur.
On retrouve une plume et des situations de roman quand Rheinhardt décrit la vie amoureuse de Dimitri, sur ses fantasmes d’une autre époque son romantisme. Chapitres insérés entre deux leçons d’Histoire.
Quand un roman veut intégrer l’histoire, il faut à mon sens que le héros fasse partie de cette histoire. Dans le cas présent Dimitri n’en fait partie que dans le dernier chapitre.
Il est complétement absent de tous les chapitres sur Max Ernst et sur Pouzin (qui est lui-même peu présent) et sur Ambroise Roux. Quand il est dans l’histoire pour justifier le propos, (les lobbys) c’est complétement irréaliste. Il n’y a aucune intégration du héros dans l’histoire du roman, à part son cahier Clairefontaine. Pas de travail de liaison, beaucoup trop de chapitres Wikipédia, réécrits et très bien par Mr Reinhardt.
Et ce que je reproche le plus c’est la publicité mensongère faite à propos de ce roman. On nous vend le livre sur l’histoire de Pouzin. Ce pauvre Pouzin n’a que quelques pages et n’apparaît qu’à la moitié du livre. Soit à la page 250 environ.
Je devrais apprendre à me méfier un peu plus des critiques (masque et la plume en tête) Mais Reinhardt, d’habitude, j’achète les yeux fermés.
Remboursez !!