Villiers de l'Isle-Adam, en voilà un monsieur avec un nom à particule dont jusqu'ici je n'avais pas idée de lire au moins un de ses livres... Pourtant les noms à particule m'effraient pas particulièrement, mais bon ça c'est passé comme cela, et je suis content d'avoir réparé cette négligence...
Parce que j'ai découvert un monsieur avec un style d'écriture riche mais en même temps très fluide à lire pour le lecteur que je suis. En outre, j'ai apprécié énormément l'esprit volontiers sarcastique, mais au grand dieu n'empêchant jamais la profondeur et la gravité si besoin est.
Il y a de tout là-dedans, un peu de fantastique, de la satire sociale, de l'exotisme, de l'historique, du scientifique et même de la poésie ; il y a pour tous les goûts...
J'avoue que si la dernière nouvelle (oui, ce sont plus des nouvelles !!!) du lot L'Annonciateur, qui donne l'impression que l'auteur s'était donné pour objectif d'aligner le plus possible de noms communs et propres bibliques dans un minimum d'espace, et cela au détriment d'une quelconque structure narrative, m'a ennuyé ; le reste recèle quelques beaux chefs d'oeuvre. On saluera aussi sa critique du matraquage publicitaire (eh oui, déjà !!!) et le fait qu'il ait vu des décennies avant l'heure les traitements par électrochoc.
Alors parmi les chefs d'oeuvre :
Véra : un jeune veuf continue de vivre comme si sa bien-aimée était vivante. Le soir du premier anniversaire du tragique événement... Un bijou de fantastique et d'émotion, qui nous montre ce qu'est le véritable amour avec un grand A...
Le Convive des dernières fêtes : Un protagoniste qui rappelle un peu Le Comte de Monte-Cristo (déjà rien que cela est un très bon point pour moi !!!) et où l'auteur observe avec férocité notre contact, qui se veut détaché mais qui ne peut s'empêcher d'être fasciné, avec la violence et le sordide...
Vox populi : La parabole de l'aveugle qui ne change pas face à un peuple qui lui change au gré des régimes politiques. Vitriolé à l'égard des peuples et des dirigeants, et dans le même temps poignant à propos des plus faibles qui essayent juste de survivre...
Fleurs de ténèbres : Vous vous demandez si les fleurs déposées sur les tombes lors de funérailles restent avec le défunt (qui ceci dit n'en a plus rien à foutre !!!). Le pragmatisme des fossoyeurs, l'envie de baiser des hommes, la vénalité des femmes donnent une réponse cynique...
L'Intersigne : J'en dirais peu sur cette nouvelle, mais disons qu'on a un magnifique exemple d'une histoire qu'on croit prévisible jusqu'à la lecture de l'avant-dernière phrase. Mais la toute dernière phrase va donner une nouvelle dimension, une nouvelle solennité à l'ensemble... Trop fort le Villiers...