Atypique, dérangeant, original, nombreux sont les adjectifs qui me viennent naturellement pour tenter de définir ce livre, mais au final, je me rends compte qu'il est très difficile d'expliquer fidèlement ce que j'ai aimé ou détesté dans ce livre tant il est nettement en dehors de toute sphère connu.
Le style est direct, légèrement emphatique parfois et très cru. Bite, vagin, sperme, sang, description minutieuse de blessures et d'actes sexuels en tous genre, tout est décrit, rien n'est caché au lecteur, Kenshin ce livre est pour toi. Cela m'a très sincèrement rebuté au début tant j'avais du mal à comprendre l'utilité de ces longues descriptions, de cette morbidité omniprésente dans l'esprit de tous les protagonistes. Mais finalement le tour de force de ce livre, c'est de parvenir à nous faire accepter leurs fantasmes "déviants" comme presque normal finalement. Comme une manière de transfigurer la mort pour amener la vie, passer d'accident mortifère à la Vie flamboyante d'un orgasme, car oui les blessures peuvent revétir un caractère sexuel. On parle bien par exemple de "lèvres" pour désigner les deux bords d'une plaie béante. Et si ces plaies peuvent être causés par des voitures, symbole de la vie moderne, alors l'extase n'en sera que plus grand.
Mais une fois qu'on a compris ça, il ne reste plus grand chose finalement de la substance de l'oeuvre, l'évolution du personnage principal est relativement convenu, passant d'initié à maître et prenant l'ascendant, même physiquement, sur Vaughan qui, maintenant que sa tâche est accompli, peut accomplir son rêve de tôle froissé, de sang et d'Elizabeth Taylor.
J'ai toujours lu de ci de là que ce livre contenait une critique politique, honnêtement je ne l'ai pas perçu plus que ça. Alors certes, les personnages prennent leur pied dans la mort lors d'accident de la route. Une évidente critique de la morbidité de notre époque moderne, toujours plus accro au trash et à la mort. Cette étrange avidité que ressent tout être humain, se pressant contre le cordon de sécurité pour entrapercevoir un peu de sang, peut être qui sait, un mort ?!
Mais c'est bien tout. Reste le style d'une efficacité sans pareil, aidant quelque part la médecine à couler dans un texte parfois un peu lourd. J'ai mis en effet beaucoup de temps pour finir ce livre.
D'abord parce que plus d'une fois j'ai hésité à arrêter, décrétant d'un commun accord avec moi même que quand même : "c'était vraiment dégueulasse".
Ensuite parce que c'est bien la première fois où l'idée même que quelqu'un puisse capter une ou deux phrases derrière mon épaule dans le bus me laissait interdit sur ce qu'il pourrait bien penser de mes lectures...
Suite de la trilogie de béton : L'île de béton