Traduit en justice
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Parmi les auteurs de la littérature russe, Tolstoï et Dostoïevski sont considérés comme des piliers et pour avoir lu quelques livres de Tolstoï, je ne comprends pas comment on peut mettre sur un pied d'égalité Dostoïevski et Tolstoï qui est resté empêtrer dans une vision ultra moralisatrice du monde. Il suffit de lire Résurrection pour s'en rendre compte et de voir ce que disait Tolstoï à propos de Nietzsche... Nietzsche qui disait d'ailleurs que Dostoïevski était le seul être humain à lui avoir appris quelque chose de la psychologie humaine.
Au-delà du simple roman à suspens mettant en avant un héro névrotique dont l'auteur en tire un style oscillant constamment entre le fantastique et le réel, il s'agit ici d'un roman sur la tragédie de l'existence. Comment satisfaire l'orgueil lorsqu'il vit dans la misère ? Ici, Raskolnikov s'adonne au meurtre par volonté de puissance et c'est bien l'ultime sentiment de puissance qui est recherché lorsque l'on supprime une vie. Il tente d'exister par le meurtre. A partir de là s'en suit pour le héro une longue agonie qui n'est pas due à un sentiment de culpabilité mais plutôt à la peur de se voir priver de son grand avenir s'il est envoyé en prison, le plongeant ainsi dans la paranoïa.
Beaucoup voit dans cette histoire, une histoire de rédemption mais c'est juger le roman d'un point de vue bien trop moral et de toute façon, il ne peut y avoir rédemption s'il n'y a pas culpabilité. En fait, Raskolnikov finit par renoncer à la promesse que lui avait faite son orgueil : celle de devenir un jour un grand homme et Dostoïevski nous fait comprendre que ce que nous appelons rédemption n'est, en fait, que la forme morale d'un renoncement, le renoncement à sa propre nature !
Ainsi la vraie tragédie ne situe pas lors du meurtre mais bien lorsque Raskolnikov avoue son meurtre à la police.
Crime et Châtiment est donc un grand roman où rarement un auteur n'aura su aussi bien sonder la nature humaine pour en ressortir toutes ses névroses, ses tourments et ses doutes.
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le 28 oct. 2015
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