Crimée... Jeu de mot qui ne veut pas se finir, ça commençait bien... dommage
Voilà une année que je me suis remis à la lecture. Il y a une année d'ailleurs je terminais l'Idiot à peu prêt à la même époque. Dostoïevski constitue en quelque sorte mes lectures d'été.
Avant je détestais lire, un livre sans images ne représentait pas d'intérêt, de plus s'il n'y avait pas plus d'image que de texte, je passais aussi mon chemin. Et c'est pas le lycée qui me donnera le goût de la lecture non plus, avec sa Littérature peuplée d'andouilles sans noms (oui Voltaire tu peux te sentir visé, et tous les autres aussi, j't'en ficherai de la pensée des lumières, quelle blague). Proust un peu oui c'est vrai, d'accord, soit, à la rigueur je veux bien reconnaître que Proust c'était bien, oui il m'a plu, n'en faisons pas tout un plat. Bon d'accord, je veux bien, je l'admet, c'était génial. Là, ça va?
Bon et que s'est-il passé depuis là? Des rencontres, des gens que j'ai aimé, admiré même peut-être un peu (beaucoup), qui ont contribué à m'intéresser à diverses choses autres que mes petits centres d'intérêts bien à moi. Des gens qui ont su me vendre les choses. Je l'avoue je suis très influencé par la manière dont on me vend les produits culturels, faut le faire bien. Sinon j'ai trop d'à priori, dis moi qui tu es et je te dirai si ton produit culturel est bien ou pas, sans l'avoir vu oui, c'est vrai. J'essaye de me corriger oui (un peu).
Du coup il y a quelques temps, on m'a introduit à la lecture, de Dostoïevski et j'ai pris pour la première fois du plaisir à suivre les péripéties écrites de personnages. En réalité le fait qu'elles étaient écrites ne comptait plus, seule l'histoire restait. Et j'en suis venu à découvrir qu'on pouvait écrire bien, qu'on pouvait raconter des histoires vraies, avec des personnages pas caricaturaux, sans prétention, sans vouloir donner l'impression d'enseigner la plèbe... Avec un regard juste sur le monde, sur les gens, sur leur cœur, leurs motivations, leurs émotions et j'en passe. Depuis j'ose lire d'autres choses, maintenant que j'ai compris que la littérature n'appartient pas à la France et aux donneurs de (mauvaises) leçons mais à tout le monde (surtout ceux qui savent raconter des histoires cela s'entend).
Crime et Châtiment
C'est un peu prétentieux de vouloir faire la critique de ce qui constitue pour moi une des plus grosses baffes prise par le domaine culturel. Enfin comme toujours, c'est de l'onanisme quoi. Que veux-tu que je te dise? Que c'est génial? Non ça ne te donnera pas envie. Est-ce que j'ai envie que tu aies envie de le lire? Tout le monde devrait, mais excuse moi je suis probablement le seul à le comprendre comme moi. Ne me fais pas croire que tu pourrais lire le passage de Raskolinov qui demande à Sonia de lire la résurrection de Lazard et y déceler la même intensité que moi. Non tes larmes aux yeux n'y changeront rien, j'ai pas pleuré moi d'abord. Mais j'ai eu du mal à en sortir indemne. Ose me dire que comme moi tu verrais chaque apparition de Svidrigaïlov avec la boule au ventre? JE NE T'AIME PAS SVIDRIGAÏLOV, QU'ON SE LE DISE!
Et pourtant je peux te comprendre.
Rodia, tu m'agaces, t'es vraiment naze et lâche! Et pourtant je peux te comprendre, tu me fais même penser à moi, un peu (beaucoup). Mais, pardonne moi, j'ose te le dire, tu es un peu irritable.
Mais oui Razouhimine, on va aller construire des châteaux en Espagne! On va prendre la voiture, partir, réussir tout ce qu'on entreprendra, on vivra pas comme des princes mais on s'en sortira, on peut très bien s'en sortir! On va faire une collocation et on se dégotera tous un boulot qui nous permet de vivre!
Sonia t'es vraiment niaise. Et pourtant je veux te soutenir, croire en tes paroles, m'y accrocher comme la seule issue possible, la seule vraie rédemption. En définitive c'est toi la plus lucide, oui.
Lecteur, mon ami, mon frère, comment peux-tu ne pas comprendre? Tu es un monstre.
Tu vois c'est ça. Tout est là. Dostoïevski, j'ai l'impression en le lisant, de ne pas voir l'auteur derrière, de voir des personnages qui existent pour de vrai, de retrouver des chemins de pensée que moi j'ai aussi, d'autres que je crois déceler chez certains contemporains. Il n'y a pas de faille. Quand je le lis, j'ai l'impression que l'auteur n'est plus là et pourtant en fermant le livre, toute sa présence jaillit, son aura est là, à côté de moi, avec un sourire compatissant, baisse la tête, soupire encore et me regarde en disant "Oui... je sais".
C'est terrible. Comprend moi, terrible. Terrible. C'est les mots qui me semblent les plus appropriés pour parler de ce roman "c'est terrible".
Est-ce que tu penses réussir à comprendre tout ce qu'ils contiennent? Ne me fais pas rire, prétentieux va.
Lis le.
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PS: Dans ce livre, il y a un personnage dont le prénom est Porphyre. Probablement que ça ne t'évoque pas grand chose mais je peux te dire qu'il s'agit là d'un des divers prénoms du créateur de Bécassine. Sept Porphyre sont nés en 1920, cinq en 1924 et six en 1932 (en France donc). Depuis, plus rien. Plus un seul. Je t'encourage vivement à savourer toute rencontre éventuelle avec un de ces représentant - voire à relancer cette population si tu dois avoir un petit garçon dans un avenir plus ou moins proche.
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