Assez vite dans le bouquin, Sylvain Tesson précise qu'aucune de ses lectures de récit d'aventure n'a réussi à ne reproduire ne serait-ce qu'une parcelle de la beauté du grand nord. Tout de suite, le paradoxe saute aux yeux. C'est exactement ce qu'est en train de faire, et de rater, Sylvain Tesson. A aucun moment, on ne parvient à ressentir quoi que ce soit à travers son récit. Les mêmes mots et mêmes phrases utilisés inlassablement n'arrivent pas à rendre compte de la très probable beauté de la région du Lac Baïkal.
S'il ne fait aucun doute qu'il est très érudit, la forme du bouquin a quelque chose de profondément pénible. Le livre est perclus de phrases courtes mises bout à bout, de citations hasardeuses tirées des livres qu'il a emporté, et d'envolés philosophiques de comptoir sur l'état du monde. Le tout bien arrosé par les litres de vodka qu'il boit chaque soir et dont il tire grande fierté à chaque moindre page du livre. On dirait un jeune de 14 ans qui veut montrer à ses amis que c'est bien lui qui descend le plus de bouteilles. Le tout donnant un côté "Frédéric Beigbeder chez les Causaques" au livre à la limite du supportable.
Enfin, dès les premières pages et pendant tout le reste du livre, Sylvain Tesson a besoin de s'auto-persuader que sa vie d'ermite est incroyable. Et au fond, on peine à le croire tant on ne note aucune évolution au fil du bouquin. Sylvain Tesson est-il sorti véritablement changé de cette aventure ou est-il resté exactement le même intellectuel alcoolique insatisfait ?
Nul doute que Sylvain Tesson est un sacré personnage aussi courageux que tête brûlé, et qu'il a probablement vécu 6 mois incroyables. Malheureusement, il ne réussit jamais à transmettre quoi que ce soit au lecteur et c'est bien dommage. Une vraie lecture inutile.