C'est dans une prose esthétique et immersive que Stewart O'Nan nous propose d'accompagner Francis Scott Fitzgerald dans les trois dernières années de sa vie. Criblé de dettes et alcoolique, devant subvenir aux frais de scolarité de sa fille et aux traitements médicaux de sa femme schizophrène, Scott se retrouve dos au mur contraint de "prostituer" son art en tant que scénariste dans un Hollywood qui le lui rend plutôt mal. Malgré la présence bienveillante de l'énigmatique Sheilah Graham dont il tombera sous le charme, l'ambiance du roman est empreinte d'une mélancolie tour à tour touchante ou pesante. L'écrivain nous apparaît tel un Gatsby privé de sa lueur verte, hanté par les fantômes d'illusions qu'il sait à jamais perdues. Ce n'est qu'après une folle escapade au carnaval d'hiver de Dartmouth et un énième licenciement qu'il semble enfin parvenir à trouver un second souffle dans l'écriture de son ultime roman "Le dernier nabab" tandis que sa santé décline. Bien qu'un manque de rythme se laisse parfois sentir dans les chapitres centraux de cette biographie romancée, on ne peut qu'être saisi d'une réelle empathie pour cet homme torturé qui tente d'avancer à contre courant vers un avenir auquel il a de plus en plus de mal à croire.