En lisant la quatrième de couverture de ce livre, en résumé nous imaginions une histoire de grands-mères chamanes occupées à rapiécer un petit fils à partir de chiffons et de torchons sur fond de chants démoniaques et sorciers dans un décor post-apocalyptique d'où le vilain capitalisme nous a mené. Du long de ses quarante neufs témoignages, ces voix d'outre-tombe, et quand je dis ces voix je pense bien entendu aux survivants (blaguounette adressée à ceux qui ont déjà lu le livre), inspirent à Volodine des souvenirs floutés dans des paysages désertés non sans une teinte de poésie, celle là-même que l'on retrouve toujours attachée au tragique des fins des mondes.
Des anges mineurs est donc le produit du prolifique Antoine Volodine dont vous auriez du lire le bien meilleur (selon moi bien entendu) Bardo or not Bardo. Une plume dégourdie qui plante des décors dévastés mais réalistes d'un monde qui pourrait bien être le nôtre si toute magie n'avait pas disparue. Un monde dont les ramifications, rencontres et événements sont empreints de légendes tibétaines, slaves ou asiatiques, d'où les tribus renaissent et d'où l'Homme renoue avec sa solitude, cette solitude qu'il a tendance à combler un peu trop rapidement de nos jours à nous, communs mortels. En résulte un court roman, parfois brouillon au point que le lecteur peut être amené à se demander où se trouve la part d'halluciné(s) dans le récit mais qui n'en reste pas moins plaisant à lire.