La métamorphose
[Hasard du calendrier, j'achève ce livre après avoir regardé à la télévision "Dans les yeux d'Olivier" qui revient sur des témoignages bouleversants de personnes qui ont frôlé la mort. Deux d'entre...
le 18 sept. 2015
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[Hasard du calendrier, j'achève ce livre après avoir regardé à la télévision "Dans les yeux d'Olivier" qui revient sur des témoignages bouleversants de personnes qui ont frôlé la mort. Deux d'entre elles ont été séquestrées et violentées de façon barbare, et elles racontent leur retour à la vie après le drame. Ce livre a fait douloureusement écho, à plus d'un titre]
Je reprends le titre de Kafka pour ma critique car ce livre, c'est finalement beaucoup ça : la métamorphose de l'homme en chien, par le joug atroce, arbitraire de deux psychopathes.
Théo sort de prison, on comprend peu à peu son histoire personnelle, mais au départ, difficile de s'attacher au personnage tant celui-ci semble dénué d'empathie, cruel, insensible. On le suit quand même loin dans une campagne isolée, géographiquement non identifiée pour plus d'universalité, où il va faire de mauvaises rencontres qui vont faire basculer son existence et remettre son humanité en question.
Je ne veux pas en dire trop sur ce thriller absolument époustouflant : j'avais déjà beaucoup aimé "Un vent de cendres" du même auteur, dont j'avais déjà noté la plume gracieuse, les très belles descriptions, le sens du détail qui compte, la finesse de la psychologie des personnages, la parfaite maîtrise des nuances et du suspense. Là, pour son premier roman, je dirais même que Sandrine Collette est un cran au-dessus : j'ai rarement lu un thriller si épouvantable et si merveilleusement écrit.
On y trouvera une réflexion profonde sur la liberté, le courage, le temps qui passe, la destruction du sentiment d'appartenir à l'espèce humaine (qui, à plusieurs reprises m'a rappelé "Si c'est un homme" de Primo Levi, c'est dire l'envergure de ce récit!), une certaine ode à la contemplation et au renoncement, mais aussi, bien sûr, de terribles moments de barbarie et de bestialité d'un réalisme foudroyant qui me hanteront bien longtemps.
Un huis-clos noir, oppressant, glauque, étouffant, d'une cruauté absolue - avec ça et là des trouées de lumière d'une force quasi-mystique : extraordinaire et surtout - rare.
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le 18 sept. 2015
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