Diablerie est une nouvelle de Boulgakov dans laquelle il use (et, sans vouloir l'offenser, abuse) du fantastique et de l'absurde pour dénoncer les aberrations du système politique soviétique mis en place, notamment pour ce qui est de l'administration qui a perdu tout semblant de logique - presque un pléonasme, je vous l'accorde - et où les promotions et les renvois s'enchaînent sans raison aucune.
Le livre se lit d'une traite et donne l'impression d'avoir été écrit de la même façon. Le rythme y est effréné, les péripéties se multiplient et le lecteur peut vite être semé en route. J'avoue qu'il m'est arrivé une fois ou deux de me faire les réflexions suivantes : "Eh mais qui qu'c'est çui-là ?!" ou "Comment on est arrivé là di'don' ?!" (alors cela peut surprendre mais lorsque je suis étonnée, je cause comme un paysan sortit d'une nouvelle de Maupassant, oui oui). C'est que le tout manque de liant et de finesse. Autant je suis la première à râler quand les passages descriptifs se font pesant, autant là on ne sait pas vraiment où l'on est la plupart du temps. C'est ballot tout de même.
Nonobstant ceci, l'humour lui, reste assez efficace, Boulgakov est je trouve un écrivain très "visuel"... Point trop je ne sais si claire je suis... Je veux dire par là qu'en le lisant, le film du mec qui se prend les pieds dans ses pieds ou encore se blesse ridiculement en voulant faire le gros dur se projette instantanément dans votre esprit. On sent l'homme de théâtre. Et comme ce n'est pas le tout de voir, on rit. Bingo.
Pour ceux qui n'ont pas encore découvert ce bon vieux Mikhaïl .... et bien déjà : découvrez-le ! Faut tout vous dire, c'pas croyable, mais ne commencez pas pas cette Diablerie, mais plutôt par "Le Maître et Marguerite" ou bien "Coeur de chien".
Diablerie y fait indubitablement penser, mais comme un brouillon qui pourrait donner une mauvaise opinion du grand talent de Boulgakov qui s'est quand même sacrément bonifié avec l'âge (je flatte pour faire passer le "Boulga' " dans mon titre).
Je note un peu généreusement mais j'ai l'impression que la traduction proposée par l'édition des Mille Et Une Nuits n'est pas folichonne à certains niveaux. Je pense notamment à certains noms propres qui doivent former des jeux de mots ou des allusions ironiques en russes, mais qui, non traduits en français ou seulement expliquées en note de bas de page, restent totalement obscurs pour nous, pauvres lecteurs non russophones.
De ce fait, je suis peut-être passée à côté de sommets de drôlerie et de finesse insoupçonnée....
C'est que ce ne serait pas la première fois...
Mais j'en doute.