Surpris de recevoir le Prix Nobel de littérature, Albert Camus ressent le besoin de se justifier. S'il avait cru que la récompense aurait primé l'auteur d'une oeuvre plus aboutie et étoffée, alors que la sienne reste en cours de construction, il croit bon revenir sur sa conception du rôle de l'écrivain et sa propre posture artistique.
L'écrivain doit participer de la liberté, notamment d'expression, là où elle est bafouée par des régimes autoritaires pratiquant censure et arrestations politiques, et venir en aide aux plus fragiles en se faisant leur porte-parole. C'est pourquoi il croit bon régulièrement pratiquer son travail artistique dans la solitude, nécessaire à la réflexion. Il développe ces points dans le texte d'un discours qui doit rester synthétique. Si ce dernier contient des passages obligés, les arguments détiennent le mérite d'apparaître convaincants et l'humilité de la posture à saluer infiniment. Il s'avère important.