Discours puissant, beau et accablant. L'accusation n'est jamais vaine et n'est jamais un apitoiement, Césaire comprends la colonisation pour ce qu'elle est, une réduction du monde, une blessure materielle irrémédiable, un mouvement malsain d'une culture bourgeoise que ne peut que mourrir car seuls les corps dégénérés sont capables d'une telle brutalité. Et la libération pour son contraire : un mouvement matérialiste libérant les énergies et un mouvement philosophique réintroduisant un peu de vivacité dans une humanité devenu trop uniforme.
Qu'il est joyeux de lire la grande ambition du métissage, qu'il est jouissif de réécouter cette époque qui parlait encore de bourgeoisie et de capitalisme. La réduction ad europeanum d'Hitler est d'une fantastique violence.
Soixante-diz ans ont passé, et le moloch continue à tout avaler, le dernier chapitre, annonçant l'acculturation au nouvel empire tromphant comme punition d'une europe bourgeoise et décatie, fait figure de prophétie.