Shada, le fameux épisode «perdu» de Douglas Adams, est un peu une légende au sein de la communauté de fans de Doctor Who. Après avoir lu cette formidable mise en forme de Gareth Roberts (un scénariste très prolifique lui aussi bien connus des fans), je comprends pourquoi.
Venons en à l'histoire. Skagra, un scientifique extraterrestre des plus ambitieux, réalise dans son enfance que Dieu n'existe pas. Sa conclusion est alors sans appel : cela signifie que la place est à prendre, et il a bien l'intention de s'en emparer. Pour mener son plan à bien, il a cependant besoin de mettre la main sur un artéfact bien particulier, La Vénérable et Ancienne Loi de Gallifrey, soit un livre détenu par le Professeur Chronotis, un Seigneur du Temps retraité qui coule des jours paisibles à Cambridge en Angleterre. Skagra ne se doute pas alors qu'il sera amené à rencontrer la route de deux autres Seigneurs du Temps bien connus, le Docteur et sa compagne, Romana, et que ces derniers ont bien l'intention de faire échouer ses plans...
Je ne vais pas revenir ici sur ce qu'aurait originellement dû être cette histoire (c'est à dire un épisode à part entière de la série qui n'a cependant jamais été entièrement réalisé) et me concentrer sur le livre uniquement. Premier excellent point : Gareth Roberts retranscrit à merveille le style de Douglas Adams, c'est assez saisissant. Je ne suis pas experte de cet auteur bien sûr, je dois l'avouer, mais je n'ai jamais senti «deux styles» agencés avec tant bien que mal, seulement un style unique très appréciable et plein d'humour. En plus, ça se lit extrêmement bien (quoique je ne suis pas fan de la division en de si petits chapitres, même si je comprends bien que l'idée est de s'approcher de la structure d'un script). Autre point sympathique : quelques références à la Nouvelle série ont été égrenées (le Corsaire de The Doctor's Wife est par exemple cité).
Second bon point : Shada est une histoire intéressante !
Et oui, ça peut sembler idiot, mais des histoires réellement intéressantes on n'en trouve pas forcément dans tous les romans de l'univers Doctor Who. Ici tout se tient, et la longueur du roman est suffisante pour permettre des développements que de nombreux livres sont obligés de zapper. De plus Shada présente une galerie de personnages franchement mémorables, un luxe bien rare dans la plupart des histoires. Même les personnages les plus anecdotiques, comme Wilkins le portier de l'Université, apportent une véritable plu-value à l'histoire.
En bref, vous l'aurez compris : Shada est franchement un must à lire, et il serait bien dommage de vous priver de ce plaisir vu que Milady a eu l'excellente initiative de l'éditer en français.