Dom Juan par Gwendoline Honig
D'abord, je me révolte : je suis sûre que Molière ne voulait pas cette fin-là.
Peu importe, cette pièce, qu'on la prenne dans tous les sens, que les metteurs en scène la malmènent ou non, est géniale. Les éloges paradoxaux sont très bien menés : "et comme Alexandre, j'aimerai qu'il existe d'autres mondes, pour pouvoir y étendre mes conquêtes amoureuses !" ou encore "l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertu". Que dire de notre Piarrot, géantissime, qui raconte à Charlotte le sauvetage de Dom Juan : "jesquions sur le bord de la mar, moi et le gros lucas... [...] Et pi tout d'un coup ! je voyais que je ne voyais plus rien !"
Bref. Sganarelle est fantastique, et l'on est pas surpris d'apprendre que c'était le personnage que l'auteur jouait, et la mise en scène de Daniel Mesguich rend bien compte de toute l'épaisseur de ce personnage comique. La mise en scène de Colin (comédie de Valence) réussit à faire de Dom Juan un personnage contemporain, charismatique et politique, ce que Mesguich, hélas, jouant lui-même le héros, ne réussit pas à faire, et propose une interprétation du cliché du séducteur.
Quoiqu'il en soit, cette oeuvre assoit la figure du séducteur, beau-parleur, et rien que pour cela, J-B, chapô !