Dora Bruder, c'est le premier roman d'un auteur récompensé par un Goncourt que je finis. Il n'y a pas vraiment de quoi se réjouir. Le narrateur lit dans une vieille édition de « Paris-Soir » une petite annonce datant de 1941. On y recherche une fugueuse âgée de quinze ans, Dora Bruder. C'était le temps du Paris occupé et le narrateur mène une enquête à travers le temps. Bien sûr, il n'y a guère de surprise et il s'agit de s'intéresser à une histoire qu'on a déjà lu, de faire cet effort, à travers le particulier de cette petite fille on honore la mémoire de beaucoup d'autres. Je dirais que Modiano a quelque chose de borgesien, la mémoire qu'il donne aux lieux n'est pas sans une mystique qui s'appose sur le monde. Les choses sont porteurs des événements, les chemins que vous empruntez ont été arpentés par l'humanité. Cette mémoire est présente dans l'air, pour qui se souvient, pour qui en a le souci. Chez Modiano, on n'est pas du tout dans un romantisme porté en bandoulière, de celui qui charme par ses affabulations. Au contraire, c'est plus une mystique d'homme fatigué, éteint, un homme habité par le vide, l'absence, qui honorent ceux qui sont morts. Sans doute que Modiano cherche et trouve quelque chose à raconter la même histoire depuis plusieurs décennies. Quant à moi, j'ai aimé le style de Modiano, il est simple et avec une personnalité, j'ai trouvé que ce roman se lisait facilement mais manquait grandement de consistance, le mystère manque d'accroches, le récit plane sur l'Histoire et n'y apporte pas grand chose.