Dracula ou comment celui-ci est absent du livre portant son nom, tel aurait du être le titre de ce livre. En effet, l'ouvrage de Bram Stocker oscille entre la forme d'un journal intime et la forme épistolaire nous présentant les points de vue et les échanges des personnages principaux qui sont au nombre de 7. Toutefois, et cela est à déplorer, Dracula n'est que mentionné au fil de ces pages mais jamais nous ne savons ce qu'il pense. A part les quelques échanges entre celui-ci et Jonathan Hacker au début de ce roman, Dracula ne parle en fait jamais ! Ce qui, il me semble, empêche d'exploiter un aspect de l'histoire qui aurait pu être intéressant.
De plus, s'il y a plusieurs personnages qui font entendre leur voix à tour de rôle, l'auteur n'a pas réussi à créer des protagonistes différents possédant une réelle profondeur psychologique. En effet, à aucun moment nous n'avons l'impression que ce sont des personnes différentes avec une personnalité qui leur est propre mais au contraire, on sent bien une voix unique (pétrie de bons sentiments, d'héroïsme et finalement d'ennui) à travers eux.
Et enfin, une dernière chose à déplorer dans cet ouvrage : la place de la femme ! Si on veut un exemple d'anti-féminisme dans la littérature, ne cherchons pas plus loin. Seulement deux personnages féminins dont l'un meurt assez rapidement mais le problème ne réside pas tellement dans le manque de représentation féminine mais surtout dans la manière de présenter la femme. Mina Hacker, présentée comme une femme courageuse et intelligente ne l'est que parce que de toute évidence, elle a "un cerveau d'homme" ! Bien sur, comment une femme pourrait-elle être intelligente et brave si elle n'est "qu'une femme" ? Ensuite, après avoir démontrer sa valeur quoi de plus naturel que de lui dire de retourner à sa place, c'est-à-dire s'occuper du ménage pendant que les hommes iront traquer le vampire ? Le pire est que Bram Stocker pense sans doute louer la femme avec ce texte et se croit peut être progressiste en lui donnant cette "importance" mais se faisant, il ne fait que la rabaisser, surtout quand Mina, elle même, se qualifie "de faible femme" qui "n'entend rien à tout cela"...
Bref, un livre qui, certes, se lit facilement et dans lequel on peut plonger rapidement, reste décevant, heureusement, les représentations cinématographiques qui en ont découlées sont rarement fidèles au texte original.