Du domaine des Murmures par BibliOrnitho
En 1187, dans une Bourgogne encore sous domination teutonne, la jeune Esclarmonde (15 ans) scandalise la noce en refusant de prononcer le « oui » traditionnel. La jeune fille entend faire respecter son vœu de se donner à Dieu contre la volonté de son châtelain de père, seigneur du domaine des Murmures.
Elle est alors emmurée dans une minuscule cellule (dont douze pas sont nécessaires pour en faire le tour) attenante à la chapelle Sainte-Agnès du château de papa. Seules communications avec l’extérieur, un judas lui permettant de suivre la messe célébrée à l’intérieur de la chapelle et une fenestrelle nantie de barreaux ouvrant sur l’extérieur et utilisée pour lui apporter eau et nourriture.
Une vie qui se promet d’être palpitante, faite de prières et de prosternations. Mais l’existence de l’emmurée ne sera pas aussi paisible qu’on peut le penser. Car au moment de son enfermement, un agneau est entré dans la chapelle (dédiée à Sainte-Agnès, je le rappelle). L’archevêque Thierry II qui officiait y vit immédiatement un miracle et s’empressa de le consacrer. Non qu’il fut particulièrement benêt, mais l’Eglise était toujours à l’affut de tels événements : un miracle reconnu par l’Eglise engendrait un pèlerinage, redonnait la foi aux manants et renforçait la puissance du Clergé. Monseigneur aurait donc eu tort de se priver et bien coupable de manquer une si belle occasion.
Pèlerinage donc ! On se détournait désormais du chemin traditionnel de Saint-Jacques pour visiter l’emmurée. On lui demandait de prier pour nous, pour eux, pour Pierre, Paul ou Jacques. Esclarmonde recevait en échange des nouvelles des autres villes, des autres comtés, duchés, seigneuries, pays… Ces pèlerins constituant un réseau parallèle à celui des PTT : des lettres s’échangeaient entre les différentes emmurées lettrées qui, comme elle, avaient fait vœu de retraite.
Esclarmonde vit ainsi partir la troisième croisade comme si elle y participait elle-même. Barberousse marchant à la tête d’une immense colonne de soldats partis libérer le tombeau du Christ de la domination mahométane. Puis l’armée française conduite par Philippe-Auguste et l’anglaise du bon roi Richard qui laissait son pays au Prince Jean et au Shérif de Nottingham (mais ceci est une autre histoire), le siège de Saint-Jean d’Acre, la famine et les maladies qui tuaient bien davantage de croisés que les combats eux-mêmes.
Sous sa fenestrelle, c’est toute la fin du XIIe siècle que le lecteur voit défiler. Car il y eut bientôt tant de pèlerins venus la visiter qu’Esclarmonde n’eut bientôt plus le temps de prier. Des marchands ambulants cessèrent d’ambuler pour établir leur échoppe dans l’enceinte même du château de papa ou aux abords immédiats de ce dernier afin d’exploiter au mieux cette manne inespérée. L’emmurée fut ainsi à la source de toute une économie qui hissa la région vers le haut. Grace à elle, on vécut mieux, on mangea mieux, on fut en meilleur santé, on mourut moins. A quelque chose malheur est bon !
Un livre très bien écrit, à l’aspect historique évident qui aurait dû me plaire. Et pourtant, comme avec le « Cœur cousu », je me suis terriblement ennuyé. Un texte très narratif bourré de bondieuseries (certes d’époque) et de lettres majuscules divines. Prières, génuflexions, crainte de Dieu, attentes mesquines, croyances religieuses, légendes populaires, mythologie. Hypocrisie et calculs des prélats et naïveté imbécile du peuple ignorants. Dictature de l’Eglise qui allait bientôt en ajouter une couche en inventant la très Sainte-Inquisition.
De l’ennui, mais aussi de l’irritation, de l’exaspération : j’avais une furieuse envie de distribuer des coups de pied au c… Je suis décidément un athée qui méprise les dévots chaque jour davantage. Le final abracadabrantesque laisse penser que l’auteur ne savait pas trop comment s’extraire de son histoire.
Grosse déception.