Seulement 200 pages et que d'efforts pour venir à bout de ma lecture ! Ce roman avait pourtant tout pour me plaire : un destin de femme, le Moyen Âge, les croisades, la religion et le mysticisme.

Tout avait bien commencé ; le premier quart du récit m'avait vraiment transportée dans ce contexte rude du XIIème siècle, aux côtés d'Esclarmonde, cette jeune noble qui refusait le mariage et trouvait refuge dans la foi.

La foi. Je crois bien que le bug est venu de là.

***ALERTE SPOILER***
Au XIIème siècle, la foi et Dieu ne font qu'un ; ils sont omniscients, omniprésents et omnipotents. La foi est chevillée aux corps et aux âmes. La foi fait partie de la vie, de l'identité, du quotidien et de chaque geste des humbles comme des grands. Or, pour moi, au fil des pages, la foi a réellement été la grande absente du récit. Si Esclarmonde n'hésite pas à se mutiler le jour de ses noces, ce n'est pas pour s'offrir à Dieu mais pour échapper à l'hymen ; si Esclarmonde fait le choix de devenir recluse plutôt que d'entrer au couvent c'est d'abord pour se sanctifier et non pour servir Dieu ; très vite, elle tire vanité de son "pouvoir", de son influence sur les simples gens et les pèlerins et c'est presque sans hésiter qu'elle décide de mentir pour conserver son fils près d'elle, le faisant passer pour un miraculé légitimé par ses stigmates dont elle connaît pourtant l'origine pas mystique pour deux sous. En cela, elle ne vaut guère mieux que Martin, le colporteur de reliques de pacotille.

Le mensonge est à la base de presque tous les choix d'Esclarmonde (et je ne m'attarderai pas sur la mise en scène de l'agneau lâché dans l'église pour faire croire là encore à un "miracle"), ce qui n'a eu de cesse de m'étonner puisque que le mensonge fait figure de grave péché au Moyen Âge. D'où ma déception. Je pensais découvrir en ouvrant ce roman le témoignage fictif d'une de ces emmurées vives nées de l'obscurantisme médiéval et je me suis trouvée en présence d'une héroïne romanesque dont le discours, servie par une plume plus maniérée que poétique, m'a oppressée jusqu'au dégoût. A ma grande déconvenue, je n'ai pu reconnaître à la recluse, malgré ses épreuves bien réelles, ni grandeur, ni courage, ni élévation, ni sainteté.

Une rencontre très attendue qui m'aura donc désenchantée. Le charme tant vanté n'aura pas opéré sur moi.

A noter tout de même de beaux moments de narration autour de la maternité.
Gwen21
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le 23 nov. 2014

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Gwen21

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