Un poireau sous les aisselles, du salami derrière l'oreille

Il ne s'agit pas de présenter un bouquin sous le couvert d'un joli titre pour faire de celui-ci un chef d’œuvre. D'ailleurs, après lecture, ce titre poétique a fini par apparaître plutôt comme un cache-misère, ou pire, un syntagme bouffi de prétention.

C'est un livre étrange que celui de Thomas Day, mêlant l'uchronie et la fantasy dans un brouet pas très heureux. Il ne parvient pas à réconcilier l'univers steampunk qu'il a souhaité mettre en place, et les légendes irlandaises qui semblent intervenir comme un cheveux sur la soupe. A juste titre, puisque c'est ainsi qu'il a découpé son texte, le livre se trouve scindé en deux par ces influences : d'abord l'une, puis l'autre. Une rupture abrupte, qui laisse trop largement entrevoir la main de l'auteur et ne permet plus de croire en ce livre.
Si un effort est indéniablement fait du côté de la poésie, ce à quoi nous préparait le titre, l'effet retombe vite. Les images sont maladroites, plates ou tout simplement inappropriées, quand il s'agit de description ; le parler poétique sonne tout simplement faux, lorsque Day essaye de l'intégrer à ses dialogues, ne sachant se déterminer entre vernaculaire et lyrisme pompeux et de mauvais aloi.
Quant à ses personnages, ils sont aussi épais qu'une tranche de salami glissée derrière l'oreille (voyez, moi aussi je sais être poète). Au mieux, on arrive parfois à les distinguer les uns des autres. Cela dit, l'impression d'entendre parler toujours la même voix est tenace.

Pas grand chose à sauver de cet ouvrage maladroit, où la volonté d'écrire un texte original est écrasée sous le poids des choix de narration malheureux et de la faiblesse de l'écriture.
Elivath
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lus en 2015

Créée

le 9 janv. 2015

Critique lue 304 fois

4 j'aime

Mojo Saurus

Écrit par

Critique lue 304 fois

4

D'autres avis sur Du sel sous les paupières

Du sel sous les paupières
Fredk
7

Poésie d'un conte steampunk

Un livre agréable malgré des transitions confuses et un final précipité. Quelque part entre le Peter Pan de Loisel et le Roublard de Pratchett, la tristesse et la guerre en plus. Je n'ai pas envie...

le 11 août 2014

4 j'aime

Du sel sous les paupières
IsabelA
7

Frankenstein chez les Korrigans

Avec "du sel sous les paupières", Thomas Day nous livre une oeuvre bipolaire, mi-steampunk mi-fantaisie. Le tout saupoudré d'uchronie, comme souvent chez cet auteur. Je trouve la partie steampunk et...

le 7 janv. 2013

3 j'aime

Du sel sous les paupières
BearlHoffayeur
7

Pas mal...

A chaque roman de Thomas Day, on sent que celui-ci se fait plaisir. Ce roman ne déroge pas à la règle et l'histoire mêlant uchronie steampunk et fantasy est bourrée de références plaisantes pour le...

le 18 mars 2017

1 j'aime

Du même critique

La Gloire de mon père
Elivath
6

Quoi, Pagnol ?

Voilà un classique, La Gloire de mon père, de ce bon vieux Marcel, passé au moulinet de la canonisation, et du coup, imposé à une foultitude d’enfants par des enseignants-fouettards. Ils lisent...

le 19 nov. 2013

8 j'aime

Le Lys dans la vallée
Elivath
2

Ah, Balzac...

En pleine période "je lis des bouquins du XIXe", j'ai accueilli Le Lys avec un oeil perplexe (oui, ce n'était pas mon premier Balzac), mais prêt à laisser une chance à ce livre. Résultat, beaucoup...

le 12 nov. 2010

6 j'aime

2

Cendrillon
Elivath
2

Eric "Madhoff" Reinhardt

Une immonde bouse boursouflée. Voilà le meilleur résumé qu'on puisse faire de ce triste texte, nourri à l'égo et au plaisir de s'écouter parler. Cendrillon est un texte bavard, au point qu'on peut...

le 5 mai 2014

5 j'aime