La danse des ombres intérieures
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le 21 juil. 2024
Il est très difficile de faire la critique de ce livre tant il est inhabituel autant dans son style de narration que dans son contenu.
On oscille entre intrigue spirituelle et intrigue psychologique plaçant le lecteur dans une confusion proche de celle de l'héroïne dont le roman (autobiographique ?) raconte l'histoire.
Sachez qu'au départ on peut être dérouté, se perdre dans la cosmologie igbo et les différents esprits qui s'expriment à la première personne et narrent l'histoire de Ada dont ils ont pris possession depuis sa naissance.
Sincèrement, je n'ai pas tout saisi mais cela n'enlève en rien l'intérêt du livre qui propose une ambiance étrange, captivante, souvent difficile à comprendre ce qui permet de créer un effet inattendu d'ambivalence du lecteur par rapport au livre mais aussi vis à vis de Ada. En effet, nous passons de l'empathie à l'indifférence, du désir qu'elle vive au désir qu'elle meure, de la certitude de l'existence des esprits à la certitude qu'ils ne sont que création de sa folie... De même, l'autrice parvient à nous faire expérimenter les symptômes de dissociation de Ada.
L'autrice nous fait ressentir les états d'esprits de Ada mais sans nous permettre une identification complète en créant une distance savamment dosée entre le lecteur et elle. Ce procédé amplifie le sentiment qu'on ne peut s'attacher à Ada qui ne semble être finalement qu'une enveloppe à l'apparence humaine. Une enveloppe emplie de souffrance que l'on perçoit tantôt avec empathie, tantôt avec indifférence. Cette distance peut générer une forme de désintérêt voire d'ennui chez le lecteur mais c'est peut être toute la force de l'écriture de l'autrice. Le sujet principal n'est pas Ada, personne ne peut s'identifier à elle, s'y accrocher parce que justement elle n'est pas tout à fait de ce monde. Sa présence est éthérée, incompréhensible, intouchable.
Les esprits nous parlent mais nous avons le sentiment que nous ne devrions pas entendre ce qu'ils nous racontent, cela m'a donné l'impression de regarder par le trou d'une serrure, de pénétrer dans l'intimité de Ada de manière intrusive, tout comme les esprits qui la possèdent.
Intrusion dans l'intimité d'Ada également vécue dans le viol qu'elle subit
Je pense qu'il est essentiel de parcourir ce livre non pas dans l'objectif de se plonger dans une histoire mais plutôt dans une expérience littéraire. La lecture est souvent ardue, il faut parfois relire plusieurs fois certaines phrases, accepter de ne pas tout comprendre et se laisser porter (et dérouter ) par les esprits.
Créée
le 28 mai 2020
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