La danse des ombres intérieures
J'ai été amené à rencontrer beaucoup de ressortissants nigérians dans le cadre de mon travail. Très rapidement, j'ai été sensibilisé à leur vision du monde empreinte de de spiritualité et...
le 21 juil. 2024
Eau douce.
Nigeria. On suit la jeune Ada. Enfant habitée par des esprits. Façonnée par différentes personnalités qui vont s’entrecroiser et se batailler le droit d’exister. Enfant, ils sont là avec elle. Protecteurs de cette enveloppe de chair qui leur a permis de quitter leur monde.
À travers Ada, c’est toute une mythologie qui se façonne. Celle des esprits. D’une culture igbo. Le roman se construit sur une base ésotérique, peut-être aussi un peu fantastique. Les premières pages et premiers chapitres sont complexes. Il faut pouvoir s’immerger à cette cosmologie inconnue. Comprendre. Situer. Nommer les différents esprits. Ce sont eux qui racontent, qui prennent corps, sont les narrateurs d’une histoire à laquelle ils ont pris part sans nécessairement le vouloir. La complexité se forme via ce voile qui se pose sur Ada. Rarement le personnage principal expose ses émotions, celles-ci passent par le prisme des esprits, des autres personnalités qui galopent et étouffent Ada.
Un roman à deux strates se forme au fur et à mesure qu’on suit les péripéties de l’Ada. La première est d’y voir le récit fantaisiste d’une possession. D’un monde gorgé d’esprits. L’autre strate offre la vision d’une caboche nouée d’une maladie mentale.
L’auteure ne s’embarrasse pas d’incorporer des parcelles de bonheur et autres fantaisies pour atténuer la noirceur des propos. C’est cru. Parfois violent. Malsain. Mais la maladie n’est pas un terreau de tranquillité. C’est le duel constant. La bataille. Le cataclysme mental. Une écriture ciselée, sans fard. Elles luttent les personnalités, elles croquent, elles dérangent, elles distillent doute. Elles.
Une pluralité d’envies, de caractères, de sexualités.
Une belle découverte.
Un roman fort, éprouvant.
Un récit duquel on s’extirpe difficilement tant la construction est dense.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs livres de 2020
Créée
le 1 mai 2020
Critique lue 246 fois
D'autres avis sur Eau douce
J'ai été amené à rencontrer beaucoup de ressortissants nigérians dans le cadre de mon travail. Très rapidement, j'ai été sensibilisé à leur vision du monde empreinte de de spiritualité et...
le 21 juil. 2024
Il est très difficile de faire la critique de ce livre tant il est inhabituel autant dans son style de narration que dans son contenu. On oscille entre intrigue spirituelle et intrigue psychologique...
Par
le 28 mai 2020
Eau douce. Nigeria. On suit la jeune Ada. Enfant habitée par des esprits. Façonnée par différentes personnalités qui vont s’entrecroiser et se batailler le droit d’exister. Enfant, ils sont là avec...
le 1 mai 2020
Du même critique
Genève. Un hôtel huppé où l'auteur himself y séjourne pour quelques vacances. Entre deux plaintes au sujet de son éditeur décédé l'année précédente, il y fait la rencontre de Scarlett, riche...
le 13 mars 2020
17 j'aime
6
Nino dans la nuit, c’est le roman d’un duo, d’un couple, de deux personnages qui sont au centre, duquel gravitent d’autres. Nino Paradis. Un gosse de dix neuf ans. Des conneries jusqu’au ras du cou...
le 28 févr. 2019
10 j'aime
1
Une BD avec pour thème de proue l’écologie ? Je passe mon tour, je le laisse à d’autres. Voila un sujet que je ne souhaite pas croiser dans mes lectures. Pourtant, hier soir, alors que la librairie...
le 16 mai 2018
9 j'aime