C'est l'histoire d'une famille, une couple et leur fils. C'est une famille pleine d'amour où rien ne compte plus qu'être ensemble, une famille où la mère distille sa douce folie par touches fantasques et festives. Alors ça danse, ça rit et ça se moque des convenances et des obligations. Mais, dans cette bulle dorée, les premières fissures viennent rapidement faire leur apparition.


L'histoire nous est raconté par le fils, c'est donc un regard d'enfant qui est posé sur cette vie. Il tente de comprendre le monde des adultes et plaque sa naïveté et son imaginaire sur les ce qu'il ne comprend pas. Apparait alors un double langage, celui de l'enfant et celui que le lecteur adulte comprends . L'enfant s’inquiète peu mais nous sentons vite que le situation est en train de basculer. On comprend avant lui ce passe et nous sourions de son regard décalé. Même si c'est un procédé courant que de faire raconté par un enfant pour créer un décalage avec le réel, il est ici très efficace et servis par un style pétillant.


Certains passages sont racontés par le père et nous permettent de mieux comprendre la naissance de cet amour et l'évolution de la folie de la mère. C'est un homme dévoué et passionné. Épris d'une femme maladivement fantasque, il est prêt à tout les sacrifices pour son bonheur. La folie de sa femme est un feu d'artifice, aussi splendide que dangereux. Alors il cherche à la protéger des autres mais aussi d'elle-même.


J'ai été profondément touchée par ce roman et par la façon dont l'auteur traite de la folie. C'est l'amour qui tient ce trio, un amour qui supporte les extravagances, les chimères et les excès. De cette histoire se dégage de la poésie, des rires et des invitations à ne pas toujours tout prendre au sérieux. Mais il y a aussi l'inéluctable, la fin de la fête puis la mélancolie.


Lire ce court roman c'est lire un concentré d'émotions contradictoires le sourire aux lèvres. Et quand le livre se referme, il ne reste plus qu'à écouter Mr Bojangles de Nina Simone et imaginer encore les personnages danser.

Anaïs_Alexandre
9

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le 3 mai 2017

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