Pour une plainte contre un supérieur pour harcèlement, plainte qui a fini classée faute de preuves, l’inspectrice Renée Ballard se retourne reléguée au quart de nuit du commissariat d’Hollywood: son travail consiste à intervenir sur les vols ou homicides durant la nuit, pour faire les premières constatations, avant de laisser la suite du travail à ses collègues de jour. Alors que son collègue se complait dans cette tâche peu enrichissante, Ballard se sent frustrée de ne pas pouvoir faire un « vrai » travail. Elle décide donc, au risque de se heurter à sa hiérarchie, à enquêter sur deux affaires, l’une d’un travesti battu et laissé pour mort dans un parking, l’autre sur une fusillade dans un night-club. Dans cette dernière affaire, elle se retrouve face à son ex-collègue et surtout son supérieur contre lequel elle a porté plainte…
Inventer un nouveau personnage principal lorsqu’on en maitrise depuis des années n’est pas chose facile. Au fil du temps, Michael Connelly nous a habitué à son héros fétiche Harry Bosch, le faisant vieillir peu à peu au fil des romans jusqu’à le mettre en retraite. En parallèle, il a développé Mickey Haller, l’avocat de la défense, son demi-frère également, et c’était presque une habitude de le retrouver. Comme l’a souligné l’auteur, Bosch sera toujours là tant qu’il écrira, mais peut-être était-il temps d’imaginer une héroïne cette fois.
D’emblée, disons que Renée Ballard doit beaucoup à Harry Bosch: son obstination, ses difficultés avec la hiérarchie, pour un peu on s’attendrait à faire sien la devise accrochée au bureau de Harry: « lève-toi le cul et va frapper aux portes ». Connelly dresse par petites touches le portrait de son inspectrice: originaire d’Hawaii, orpheline de père noyé en faisant du surf, elle a été élevée par sa grand-mère après son abandon par sa mère… un tableau qui commence mal… Elle n’a pas de réelle adresse fixe, se ballade en vieux Ford Transit Connect dans lequel elle range ses accessoires de natation et ses vêtements de rechange, possède un chien qu’elle fait garder la journée, va souvent dormir sur la plage après son travail. Connelly évoque d’anciennes enquêtes parfois mouvementées pour donner corps à Renée. Et j’avoue que la « sauce » ne prend pas mal. Il reste à savoir ce que va devenir ce personnage, mais l’auteur a suffisamment de talent et de métier pour la rendre indispensable au même titre que son aîné.
Le roman en lui-même est classique des autres romans de Michael Connelly, on y suit les deux enquêtes de Ballard, avec toujours ce petit rebondissement final qui reste une des marques de fabrique de l’auteur. Ce n’est peut-être pas son meilleur, mais l’écriture reste toujours aussi plaisante et addictive, et m’a fait terminer le livre en à peine deux jours. Un seul petit passage m’a gêné dans sa conception: sans trop dévoiler l’intrigue, disons que Renée Ballard, agressée et kidnappée, se retrouve nue sans savoir précisément ce qui a pu se passer, et doit subir un examen afin d’éliminer une possibilité de viol. Examen limité par le fait qu’elle a eu un rapport un peu brutal peu de temps auparavant avec un partenaire généreusement pourvu. J’avoue avoir trouvé le passage un peu complaisant et pas vraiment indispensable. A vous de vous faire une idée.
On retrouvera Renée Ballard avec plaisir, en compagnie d’Harry Bosch, pour le prochain opus à paraître chez Calmann Levy

MichaelFenris
8
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le 25 oct. 2019

Critique lue 198 fois

Michael Fenris

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