Julia est à l'hôpital, dans le coma. Toutes les nuits, Marc, son amour, son amant, la veille et lui raconte des histoires. La leur, de la rencontre à ces rares moments passés ensemble parce qu'il y a un autre homme dans sa vie, son mari "qu'elle ne quittera jamais." Il l'emporte, elle, l'endormie, vers les rives des fictions qu'ils avaient l'habitude de s'échanger sur l'oreiller. Peut-être se réveillera t-elle ? La plume suave, ironique et élégante de Jean-Marie Laclavetine nous manquait. Le voici de retour avec Et j'ai su que ce trésor était pour moi, vibrant hommage au pouvoir de la littérature dans cette mince frontière qui sépare la réalité de ce qui ne l'est pas, ou alors, un peu, va savoir. Tant d'histoires à se partager ! Dans son roman, Laclavetine rappelle qu'il est aussi un fabuleux écrivain de nouvelles (Le rouge et le blanc), parfois tendres comme des caresses, parfois cruelles comme des griffures. Il y a beaucoup de récits dans Et j'ai su que ce trésor était pour moi. D'amour, presque toujours, car y a t-il autre chose qui vaille la peine ? Ils se contaminent entre eux, se chevauchent et se font des clins d'oeil. Et le regard de l'écrivain se fait complice avec son lecteur qui n'est pas dupe. Il se dévore, ce roman. Le narrateur est un vieux tigre fatigué mais son imagination ne l'est pas. Surtout quand il s'agit de faire remonter à la surface celle qui habite sa vie jusqu'à la possession. Le livre pourrait avoir une suite mais taisons son dénouement et ses retorses pirouettes. Ce roman a été écrit pour les amoureux passés, présents et futurs. Ce n'est pas de la grande littérature ? C'est presque mieux, ce sont des soubresauts, des élans et des virevoltes au pays des sentiments.