On m'a souvent mentionné ce livre pour son titre, car l'intérêt plus que marqué que je porte aux hippopotames se fait de moins en moins secret et j'ai envie de dire, on a les passions qu'on mérite.

Fatiguée j'étais de répondre "Oui, j'ai ouï le nom mais non je ne l'ai pas lu".
Lors de mon dernier passage dans la petite librairie de mon quartier, celle dont le propriétaire m'accueille avec un grand sourire vu que je le fais vivre tout en me ruinant dès que j'ai le malheur de croiser sa boutique (j'vous jure que c'est elle qui me suit partout !), je tombais sur cet ouvrage camouflé au milieu de nombreux autres ne mentionnant même pas l'ombre du frétillement d'une petite oreille potamesque. Je me rendais alors à l'évidence : il était plus que temps de découvrir ce qui se cachait derrière ce titre ma foi assez drôle et tout de même odieux si comme moi, vous avez tendance à tout visualiser.

En laissant de côté ces braves pachydermes, pas longtemps hein, j'y voyais également l'occasion de découvrir pour la première fois un auteur qui m'intrigue pas mal, Burroughs, et un autre qui m'intéresse moins, Kerouac, mais allez donc lire un chapitre sur deux... Ce serait bougrement stupide !

Car c'est ainsi qu'est monté le bouquin. Deux narrateurs nous content une histoire inspirée de faits réels, touchant à des gens qu'ils ont connu en cette année 1944. L'un après l'autre, Will Dennison (Burroughs) et Mike Ryko (Kerouac) reconstruisent comme ils l'ont vécu la tragédie survenue entre deux de leurs proches tout en dépeignant l'atmosphère régnant dans ce NY de fin de guerre (surement ça le plus intéressant, tiens), tout en ivrognerie, films français vus au ciné du coin et errances comblant les heures perdues. Et on recommence le lendemain en tapant du fric à droite à gauche pour s'acheter à manger, car ils sont jeunes et hungry hungry (comprenne qui pourra).

A noter que le livre, écrit en 1945 ne fut édité qu'en 2008 aux Youhessai. Et oui, Burroughs et Kerouac, alors illustres inconnus n'ayant jamais publié ne trouvèrent pas preneurs pour leur manuscrit. Citons ici Burroughs :
" (...) rétrospectivement, je ne vois pas pourquoi ça les aurait intéressés : le texte n'avait aucune perspective commerciale, n'étant pas assez "sensationnel" pour ça, mais il n'était pas non plus assez bien écrit, d'un assez grand intérêt littéraire pour être publié à ce titre. Il se situait à mi-chemin en somme (...) " (1)

Et après lecture, je ne peux que lui donner raison. Et louer sa modestie. Ou fausse modestie, mais ça reste du meilleur effet.

Ce n'est pas désagréable à lire, loin de là, les pages se dévorant à toute vitesse et vous laissant surpris de voir la dernière pointer déjà le bout de sa truffe. Mais sans m'ennuyer, j'aurais apprécié d'être un peu plus embarquée dans cette histoire dont on devine vite le point final, encore plus si l'on est au jus du fait divers duquel elle s'inspire.
Pas sensationnel qu'il dit, certes. Mais on peut rendre le banal passionnant, le simple merveilleux (enfin moi non, je ne ferais que vous bassiner à propos d'hippos) et ici c'est un peu fade. Après il s'agit d'un premier roman, je ne saurais vous dire s'il est annonciateur de l'oeuvre à venir des deux scribouillards, les lisant ici pour la première fois.
Et pour le coup c'est plutôt réussi. Pas de choc lorsque l'on passe d'un écrivain à l'autre, les deux ont un style appréciable même si j'incline du côté de Burroughs que je trouve plus percutant.

Et venons-en enfin au point qui, j'en suis sûre, vous a fait supporter jusqu'ici cet interminable babillage : quid des hippopotames ? Bouillis ou non ?
Ben rien, même si le très court, trop court passage où ils sont mentionnés est plutôt fendard, bien qu'odieux, on en revient toujours à ça.
Je ne suis pas naïve, ou si peu, et je m'y attendais en lisant le résumé. A noter que c'eut tenu de la performance de réussir à placer un hippopotame ou plusieurs dans les beuveries new-yorkaises des futurs étendards humains de la beat generation.

Ça tient de la performance de réussir à placer un hippopotame à peu près n'importe où, si l'on va par là. Et j'y vais.

Mais quand même... beuverie... alcool.... tonneau... hippos...

J'suis persuadée qu'il y avait un truc à creuser.


(1) "The Life and Times of William S. Burroughs" de Ted Morgan.
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le 14 avr. 2014

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