Lire Kesey est à coup sûr une expérience et/ou une épreuve originale.
Comme d'autres auteurs de la Beat generation (Burroughs, Kerouac, Ginsberg), le roman est une construction inhabituelle et hétéroclite.
En résulte un ensemble qui entremêle pensées des protagonistes et narrations des événements.
Parfois de manière déstabilisante.
Au risque que le lecteur se retrouve globalement prisonnier d'une mécanique de chapitrage difficile à suivre et finalement très répétitive.
Mais au-delà de cet effet de style, la puissance du livre réside dans le fait que cette forme est intrinsèquement liée au fond :
- des tranches de vie heurtées, brutes, enivrées ;
- un panorama de l'Ouest américain, naturel et sauvage.
La lecture n'en est que plus vive et nerveuse. Le lecteur n'aura de repos que pendant les méditations contemplatives des protagonistes.
Dévalant le versant ouest de la chaîne côtière de l’Oregon…
viens voir les cascades hystériques des affluents
qui se mêlent aux eaux de la Wakonda Auga.
Pour profiter de l'ouvrage, il faudra donc avant tout s'immerger dans l'ambiance.
D'autant plus que le fil de l'histoire est relativement mince (une grève de bucherons que contourne la famille Stamper).
Avec au final une narration qui fait la part belle :
- à la nature époustouflante et dangereuse, qu'elle soit animale, végétale ou minérale ;
- aux pensées des membres de la famille Stamper plus qu'au récit de leurs actions .
Autre force du roman : Et quelquefois j'ai comme une grande idée aborde 3 thèmes principaux qui lui confèrent une dimension transcendantale :
- le libre arbitre des individus,
- l'incommunicabilité entre les êtres,
- la noirceur des humains.
L'ouvrage pourra ainsi parler au plus grand nombre grâce aux archétypes que Ken Kesey y développe.
En résumé, un grand livre :
- dédié aux fans de littérature américaine des grands espaces
- et qui intéressera tous ceux qui prendront le temps de se confronter à la brutalité de l'Homme et de la Nature pendant les presque 900 pages de l'ouvrage.