Très grosse déception que ce Et toujours les forêts, pourtant largement encensé par la critique et par une partie du public. Je suis peut-être passé totalement à côté de l'histoire et du propos, qui m'ont surtout donné l'impression d'un grand vide. Un vide presque primordial : glacial, d'une noirceur absolue, sans aucun espoir.
C'est sans doute le projet de Sandrine Collette : raconter l'histoire d'une survie dans un univers post-apocalyptique où rien ne reste, ni hommes, ni animaux, ni végétaux, si ce n'est quelques individus isolés, livrés à eux-mêmes et à ce monde devenu soudain absolument hostile. On passera sur l'invraisemblance de la situation : un cataclysme, dont on ne sait rien, a ravagé en l'espace de quelques minutes toute vie sur Terre, au point où même vingt ans après, seuls quelques brins d'herbe ou de maigres racines y poussent de nouveau. Par contre, les personnages principaux ont survécu, l'un car il se trouvait dans les catacombes de Paris, les autres "à la cave"...
Au passage, ce cataclysme n'arrive qu'après quelques chapitres : on a d'abord droit à un récit de l'enfance du personnage principal, ballotté d'un foyer à l'autre par une mère qui le haïssait. Ce récit n'a absolument aucun intérêt narratif et n'est pas relié à l'après-cataclysme : on a l'impression que l'auteure a simplement voulu, gratuitement, en rajouter une couche. Pourquoi donc ? Sans l'accuser de perversité, ce n'est pas le meilleur moyen de réveiller l'empathie du lecteur : celle-ci se stimule, se suggère mais elle ne se quémande pas.
La majeure partie du roman se déroule donc pour Sandrine Collette à narrer le terrible dénuement dans lequel vivent nos personnages et les enfants qui naîtront ensuite. Grisaille pour ne pas dire noirceur donc, misère, solitude, et bien sûr attaques sauvages, sur lesquelles je ne m'attarderai pas par crainte des spoilers. Il y a bien une ou deux rencontres cordiales avec d'autres "vivants", comme les nomme l'auteure, mais celles-ci sont surtout marquées par la crainte de se voir voler ou consommer les rations.
On se demande finalement : y a-t-il un message derrière tout cela ? Écologique, peut-être ? Mais alors pourquoi le monde pollué d'avant n'est-il jamais évoqué comme cause du cataclysme ? Humaniste ? C'est largement contredit par la fin. Animaliste, panthéiste ? Il s'agit pourtant d'un récit anthropocentré, dont le sujet est exclusivement la survie humaine. Alors, quoi ? Pour ma part, je ne saurai le dire. Il faisait bien trop noir là-dedans pour y voir clair.