Après un court séjour en France, je me trouvais à attendre mon avion pour retourner à Barcelone. J'avais été un peu court sur mon stock de livres apporté dans mes bagages, tel un toxicomane, je me dirigeais vers la librairie de l'aéroport, mon vol ne durerait pas plus d'une heure et il ne me restait pas beaucoup plus de temps à attendre sagement mon avion.
Le problème des librairies d'aéroport, c'est que vous ne trouvez en général que des Best-sellers, des polars, mais par le plus grand des hasards, il y avait un seul et unique exemplaire de "Et tu n'es pas revenu". J'avais repéré ce court ouvrage dans mes diverses recherches de roman sur Internet et j'avais également entendu l'auteure sur France-Inter au moment des attentats de Paris, femme de 86 ans qui à la fois semblait avoir un fort caractère, mais aussi une femme déçus de ce qu'avait pu devenir notre société.

La thématique, certes, semble, au premier abord, déjà vu et revue. Rescapée du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau l'auteure nous raconte l'horreur et l'après.

Marceline Loridan-Ivens, n'écrit pas à ces lecteurs, mais à son père, qui ne reviendra jamais des camps. Dans cet ouvrage, elle ne raconte pas uniquement l'horreur des camps, la déshumanisation des déportés, elle explique aussi à son père le retour, la liberté, cette envie de survivre aux camps qui se transforment une fois libre au regret de ne pas avoir disparu également dans les camps. Cette force de vivre, qui se transforme en cette envie de mourir. Car selon elle, on ne revient entièrement de ce enfer.

Le pire semble être ce retour ou personne n'est capable d'écouter son histoire, il faut oublier, mais comment oublier l'enfer ? Comment soigner les blessures ?

Après plus de trois années d'attente du père, il sera officiellement déclaré disparut, autant d'années d'attente, et cette culpabilité pourquoi lui et pas moi ?

Le livre se referme sur cette réflexion bien des années plus tard qui me fait froid dans le dos :

"Il y a deux ans, j'ai demandé à Marie, la femme d'Henri : "maintenant que la vie se termine, tu penses qu'on a bien fait de revenir des camps ?" Elle m'a répondu : "je crois que non, on n'aurait pas dû revenir. Et toi qu'est-ce que tu en penses ? " Je n'ai pas pu lui donner tort ou raison, j'ai juste dit : "je ne suis pas loin de penser comme toi." Mais j'espère que si la question m'est posée à mon tour juste avant que je ne m'en aille, je saurai dire oui, ça valait le coup".
Bouquinovore
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le 22 mars 2015

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