Boire. Baiser. Boire. Dormir. Boire. Manger. Boire. Chercher un job. Boire. Être virer. Boire. Errer. Boire. Trouver un autre taf. Recommencer.
Un plot simpliste pour un petit roman au ton cinglant. Un personnage looser qui mène une existence désespérée, mélange étrange de liberté absolue et de servitude aliénante. On se prend à l'apprécier bien malgré nous. On se doute qu'il n'a pas toujours été un idiot mais à plutôt fait le choix de vivre dans un état de gueule de bois permanente par peur ou incapacité à affronter la réalité brute. Alors, dans un sens, on se doute qu'il pourrait être n'importe qui, même nous. Sa vie d'errance dégage un sentiment de tristesse planant, filtrant doucement à travers les plages qui se tournent. Le style narratif réveille le tout par son oralité assumée. À signaler que tout lecteur de ce petit ouvrage prend le risque de sortir de cette lecture avec un voile grisâtre sur les yeux et de ne plus tout à fait voir de la même manière son quotidien. Mais c'est ce qu'on aime dans la littérature, non?
"J'me suis levé et je suis retourné à ma piaule. La lune brillait. Le bruit de mes pas résonnait dans la rue déserte, comme si quelqu'un me suivait. J'ai regardé autour de moi. Je m'étais gouré. J'étais complètement seul."
"_ Un roman, hein?
_ Oui.
_ Comment ça s'appelle?
_ Mon destin coule par un robinet qui fuit.
_ Oh! ça me plait. Ça parle de quoi?
_ De tout."
"Tu donnais huit heures au patron, mais il en voulait toujours plus. Par exemple, il ne te laissait jamais partir avant 6 heures. Des fois que tu aurais eu le temps de penser. "