Là où Bukowski se révèle génial, c'est qu'il arrive, avec son écriture directe, argotique voir vulgaire (ce qui ne s'oppose nullement au talent) à faire ce que des tripotées d'écrivains, avec une écriture recherchée et soignée, des phrases alambiquées, n'ont que très rarement réussi : décrire au plus proche la vie crasse, misérable, faite de combines et de beuveries des petites gens, des paumés et des poivrots.
On suit les pérégrinations de Hank Chinaski, alter-ego non dissimulé de l'écrivain et c'est parfois glauque, triste, par moment poétique et très souvent drôle. Ce mec est attachant, on aimerait le connaitre mais on ne voudrait surtout pas de sa vie de chien. Quiconque a déjà du accepter un boulot de larbin ne peut que s'incliner devant la justesse de la retranscription qu'il en fait ici, de ces jobs dont tous ceux qui ont encore le choix ne veulent pas.
Alors, oui, c'est peut-être vulgaire, ça parle fréquemment (mais moins souvent que ce à quoi je m'attendais) de cul et de picole, mais pu...rée : c'est si rare de trouver quelqu'un qui écrit avec ses tripes, avec cette énergie... !