J’ai lu les 5 volumes de Game Of Thrones, obstinément. Je les ai même relus, pour en être sûr. Les intrigues insomniantes à rallonge, décapitées par surprise ; la délectation des répliques cinglantes ou philosophiques ; le panorama des événements vécus à chaque chapitre par un personnage différent, ce qui nuance l’absolu de chaque justice ou injustice, chaque bon ou mauvais, chaque innocent ou coupable. Je m’en suis délecté, et bis.
Pour ce Feu et Sang, le génie de GRR Martin a été de faire le choix narratif qui vous le gâche le tout, en entier et sans fausse note : des chroniques. Et on vous débarrasse de tout sauf de votre faim, plus de dialogue, plus de vécu personnel, succession de personnages monodimensionnels qui ne prennent pas d’épaisseur et qui meurent à la pelle, sur le papier et dans les souvenirs.
Symbole bien navrant, le Tyrion de l’Histoire, est un fou lubrique, sporadiquement intelligent, constamment moins savoureux. Les miroirs ne font pas toujours de bons reflets.
La réflexion m’ôte l’indulgence, mais donc pourquoi dilapider du temps à pondre 850 pages de ce bousin insipide, alors qu’on peut émerveiller le même temps à accoucher du sublime, ne serait-ce que 100 pages d’un volume 6 ? Au minimum par gentillesse, sinon par devoir du métier, l’art de l’artiste. Mais je rêvasse. Si je me permets de comprendre, le Martin il préfère qu’on le rémunère à passer ses vacances sous la pluie, les pattes dans la gadoue, plutôt que de débourser pour toucher du sable chaud, baigné de soleil. Il ne réveille ses dragons que pour revendre les droits de leurs œufs.
Petite citation : les Braaviens étaient un peuple pragmatique, car leur cité est celle d'esclaves en fuite où l'on honore un millier de faux-dieux, mais on ne vénère réellement que l'or. Parmi les cent îles, le profit a plus de valeur que l'orgueil.