Ce qui est le plus extraordinaire dans « Fief », le premier roman de David Lopez, c’est la langue, inédite dans la littérature. L’auteur jongle avec les mots, ça cogne (il est aussi boxeur), c’est rempli de trouvailles, d’inventions, le parler est cru, rythmé et poétique.
Quelque part, un lieu où leurs parents ont eux mêmes grandi, où il y trop d’herbe pour être de vrais banlieusards, et trop de bitume pour de vrais bouseux, le territoire de Jonas et ses amis. On entre rapidement dans la bande de Jonas, le narrateur, où le quotidien est un éternel recommencement. On suit Jonas dans une sorte d’instantané, on ressent les évènements qui se déroulent en même temps qu’il les constate. L’ennui est un art dont ils savent s’amuser. On fume de l’herbe, beaucoup et ça aide pas, on joue aux cartes, on se jette des mots à la tête. La langue est un mode d’existence à part entière, et c’est un vrai délice pour le lecteur. Une chronique décapante, drôle et poignante sur une jeunesse qui se cherche. C’est aussi une belle et grande histoire d’amitié.