J'espèrais que ce livre me convaincrait que la violence policière, largement relayé (amplifiée? exagérée? généralisée?) par nos médias, n'était pas aussi endémique que ce que l'on pensait.
Hélas, ce livre enfouce le clou, et pas qu'un peu. Ce journaliste s'est donc infiltré dans la police pendant 2 ans, poussant le zèle jusqu'à passer le concours de police à St Malo et restant dans la fonction pendant 2 ans, ce qu'aucun journaliste n'avait jamais fait: il faut reconnaître ici l'effort.
Par contre, pendant 18 mois l'auteur a simplement fait chauffeur dans une unité psychatrique reliée à la Police. Les six mois suivants sont beaucoup plus pertinents.
Et donc pendant cette 2ème phase de vie dans un commissariat de police de la région parisienne, tout y passe : propos racistes, machistes, homophobes / violences gratuites (surtout sur les arabes, les noirs et les migrands) / formations bâclées / vices de procédure, bavures couvertes par les policiers, qui se couvrent et falsifient les rapports. Sans oublier les missions absurdes et inutiles, le sentiment d'impunité... On a même l'impression qu'en 40 ans, depuis le film des Ripoux, rien n'a changé, puisqu'on a même cet anecdote incroyable de la voiture lancée à toute blinde dans le centre de Paris, gyrophare hurlant, pour... aller chercher des sandwiches au saucission. Bref, c'est un essai à charge et la lecture est assez pénible car la violence et les injustices sont quasi permanentes, mais c'est un devoir de le lire.
Peut être le journaliste aurait pu tenter quelques missions dans quelques grandes villes françaises (même si on peu d'espoir sur le résultat) et aussi dans les campagnes françaises. C'est le dernier espoir pour croire que la police n'est pas qu'un ramassis de brutes et d'imbéciles assoifés de violences gratuites, qui piétienent allègrement les valeurs les plus fondamentales de la République.
La seule partie je crois qui est du côté des policiers, c'est ce qui concerne les suicides dans la profession, qui dépasse et de très loin toutes les autres catégories professionnelles en France et hélas, même dans les mêmes catégories (Police, Gendarmerie) à l'étranger. Les policiers sont victimes de guet apens, d'une suspicion permanente, d'indifférence, de mépris et certains (qui devaient s'attendre à autre chose) ne tiennent hélas pas longtemps dans cette ambiance délétère, certains allant même jusqu'à se suicider.
Bref, un constat dure, impitoyable et cruel d'une Police qui selon toute évidence, a grand besoin d'une refonte totale de ses valeurs, de sa hierarchie, de ses systèmes de contrôles.