Je me suis lancé un défi, celui de lire les Prix Goncourt depuis la création du prix. Et naturellement celui-ci est le premier puisque le Prix fut créé cette année-là.
Disons tout d'abord qu'il soit surprenant que le premier lauréat soit écrit par un natif de San Francisco. La mère de John-Antoine Nau est revenue en France alors qu'il était âgé de six ans.
Le roman est construit en trois temps. D'abord un quasi huit-clos, puis le lieu est élargi à une ville pour finir en territoire d'outre-mer. De même le style suit cette progression. D'abord difficile à lire, la langue se délie et se fluidifie tout à fait dans la troisième partie. Enfin, en suivant le même rythme, la narration peut paraître pénible en première partie pour finir haletante et prodigieuse vers la fin du roman. Bref, on sent l'auteur gagner ses galons d'écrivain au fur et à mesure que la besogne avance. Et rien que pour cette progression, le roman est intéressant.
La découverte, du début du XXème siècle, par le "dedans" pusique l'auteur y est, le rendu pittoresque des différentes langues locales, le piquant des scènes parisiennes, les envolées lyriques battues par les rafales de vent d'une traversée océanique remarquable font de ce livre une véritable pépite. Sans oublier l'incursion dans une certaine dose de "science-fiction" avec un personnage secondaire et haut en couleur, en provenance d'une autre planète.
En bref, difficile au début, palpitant à la fin, construit sur une trame qui n'est pas sans rappeler le meilleur de "Les aventures de Tintin", traversée grandiose dans l'intimité d'un "aliéné" qui n'a pas encore connu la première guerre mondiale.
A lire.