Le romantisme à l'américaine
Fitzgerald a toujours été un auteur qui m'interpellait, et l'adaptation au cinéma de son roman le plus célèbre était un excellent prétexte pour m'y essayer. (je ne nie donc pas être un odieux opportuniste qui lit les livres juste avant de voir les films pour le seul plaisir de descendre ceux-ci !)
Gatsby met du temps à démarrer, et semble au départ n'être qu'un roman dénonciateur de la société américaine du début de siècle. Superficielle, folle, fausse et gouvernée par l'argent, New-York semble aussi fun que détestable, et ce n'est pas le très fade narrateur qui donne envie de poursuivre la lecture. Et pourtant, au fil des pages, le lecteur découvre Gatsby, le fameux millionnaire qui organise des fêtes aux moyens démesurés. On se doute bien que c'est un homme un peu plus profond qu'un simple fêtard arriviste, mais Gatsby arrive pourtant à surprendre, à émouvoir. Il n'est ni bon, ni mauvais, on pourrait même le traiter de lâche, menteur et manipulateur, mais on s'y attache. En l'espace de 200 pages, on se prend d'affection pour cet homme mystérieux aux desseins dignes des plus grands héros romantiques de la littérature française. On passe d'un livre un peu banal qui critique la société américaine à une oeuvre marquante, qui parle de sentiments, d'espoir et de rêve à accomplir. Le tout est très théâtral, avec une poignée de personnages développés seulement, mais chacun de ces différents protagonistes est tour à tour montré sous un bon et un mauvais jour, et il n'y a ni bon, ni mauvais dans cette histoire. Et même si la fin se dessine très clairement dès la moitié du bouquin, elle n'en reste pas moins haletante tant on comprend les personnages, leurs motivations, et tant le dilemme semble grand puisque chacun mériterait d'être contenté, au fond. En dehors de l'histoire d'amour, toute la personnalité de Gatsby est intéressante, et son rapport à l'argent ainsi que ses relations sont particulièrement interpellants.
Un livre bien écrit, rapide à lire, mais pourtant marquant. Je ne suis pas un grand fan de la littérature américaine, mais je viens de découvrir une oeuvre qui tend à me faire oublier mes préjugés sur celle-ci. Je regrette peut-être juste un peu que le héros soit si ... effacé. Mais sinon c'est très bon.