Il était une fois dans l'ouest

"The Great Gatsby" est un livre magnifique, le genre d'oeuvre d'une beauté rare qui te transporte pendant deux cents pages, pour t'abandonner lâchement sur le bord du trottoir, aux côtés de tes illusions et de tes rêves perdus, à tout le temps ressasser la vie pathétique de ce bel être, qui ne sera, tu l'espères, jamais l'écho de ta propre vie.

"The Great Gatsby" est donc un roman dans lequel tout le monde peut s'identifier; qui n'a jamais rêvé de soudainement devenir riche, et d'abandonner d'un seul coup son existence passée, tantôt pauvre d'un côté, tantôt pathétique de l'autre? Et pour sublimer le tout, F. Scott Fitsgerald a choisi d'utiliser un style d'écriture magnifique, plein de grâce, d'élégance et d'un soupçon de cynisme, le tout n'étant pas privé d'une redoutable ironie.

Car au final, l'impression, la pensée qui transpire le plus de l'oeuvre, c'est que l'on ne possède la renommée qu'un temps, et qu'une fois qu'on l'aura épuisé, il faudra revenir au point de départ, ou pire même, ne plus rien avoir du tout. Et pour se faire aider, il ne faudra pas compter sur les gens qui nous entourent. Triste constat, pour une réalité qui l'est plus encore.

Fitzgerald nous transmet donc ses angoisses, sa vision du monde si particulière, et que l'on pourra plus ou moins faire coller à la sienne. C'est un auteur qui inspire, un auteur qui plaît de par son phrasé, mais également, en complément, au travers du message qu'il laisse paraître, tantôt désillusionné tantôt éclairé.

Car quoi que l'on en dise, l'histoire de ce pauvre Gatsby est aujourd'hui encore d'actualité; à l'heure où les célébrités se camouflent pour prendre l'air extérieur, la renommée, et par là même son succès soudain, peuvent faire tourner la tête, jusqu'à finalement tout perdre dans un déchirement de désespoir; je pense notamment à d'anciennes "gloires" de la téléréalité, qui en sont allés au suicide pour ne plus vivre dans la déception de l'après célébrité.

Et justement, la fin même du livre vient attester ce que je dis depuis tout à l'heure; d'une profonde tristesse qui égale toute l'étendue de sa beauté, elle s'avère à la fois émouvante et pathétique, oscillant entre les registres de la pitié et de la tristesse, nous faisant tantôt monter la larme à l'oeil, tantôt nous montrer mal à l'aise devant le triste caractère de certains individus (dont la fameuse Daisy), ainsi que devant le constat terrifiant qu'au final, l'on ne compte que pour très peu de monde, si ce n'est pour personne, lorsque l'on n'a pas de famille (j'aimerai évoquer, par là, tous les personnages affiliés en affaires à Gatsby).

"The Great Gatsby" est donc une oeuvre particulière, un chef-d'oeuvre de littérature dont le style d'écriture chatoie constamment la perfection, trouvant l'apogée de sa beauté dans une fin toute particulière, une fin éprise d'un message tout aussi juste que le reste de l'oeuvre. Au final, ce que l'on désire tous, c'est marcher au soleil du succès, et éviter les ombres de l'échec. Il fallait Fitzgerald pour nous rappeler, autant par son œuvre que par sa vie, que la renommée glorieuse ne dure qu'un temps, et que plus haute est l'ascension, plus destructrice sera la déchéance.

Je me souviendrai longtemps de Gatsby, de Nick, de Daisy, de Tom, de Jordan, de Wilson même, l'importance de la voiture et la futilité de l'existence de l'homme. Tout peut partir en un instant, nous échapper en un battement de cil. Que nous reste-t-il, alors que l'on prend connaissance de notre condition de mortel, de notre condition humaine? L'amitié, et l'espoir d'avoir une vie toujours meilleure, toujours plus plaisante, de ne jamais tomber dans l'oubli ou l'ennui.

Je me souviendrai, à vie, de feu Great Gatsby.