Fitzgerald le magnifique, une fois n'est pas coutume, m'a donné envie de lire son conte plutôt que de chercher à y déceler la leçon sur L Histoire qu'il est aussi, peut-être. Et pourtant… j'avais vu les deux versions cinématographiques avec les brillants Redford et di Caprio, et au risque de faire hurler, il m'en restait bien peu. : quelques images léchées, la certitude d'avoir vu de bons acteurs, une atmosphère plus que l'histoire. Aucun souvenir de la fin… Je n'ai aucun goût pour les états d'âme de la gentry, même la fausse, celle qui s'est soi-disant construite elle-même selon le mythe américain. Je savais que certaines critiques voyaient dans le roman de Gatsby, qui une parabole de la fin de cet âge d'or des self-made men, qui une critique d'une classe bourgeoise oisive et du pouvoir destructeur de l'argent, qui encore une lutte de classes ressemblant, telles deux gouttes d'eau indissociables, à une lutte des places… S'il s'agit de parler de lutte, aux accents chevaleresques, entre deux hommes que tout oppose pour le coeur d'une aimée, alors pourquoi pas. Car de la très belle écriture de Fitzgerald, c'est bien tout ce qui m'a le plus séduit, ce qui m'a emporté : cette quête du véritable rêve, qui n'a rien d'américain, cette tension grandissante, cet espoir d'atteindre le bonheur que rien n'achète, cette aspiration à trouver, moins l'être qui vous aimera que l'être à aimer pour toujours...
Jean-François Revel disait dans une préface qu'il rédigea pour l'ouvrage que « Gatsby est un roman d'amour où l'on ne sent jamais l'amour mais seulement l'argent qui le permet ou qui l'empêche ». J'ai lu rigoureusement l'inverse : un roman sur la haute bourgeoisie où se joue un drame amoureux si brillant que les monts d'or qui ornent la scène font bien pâle figure.