Whaou, whaou, whaou ! Place au coup de cœur !

Premier roman de Francis Scott Fitzgerald qui me passe entre les mains et je suis conquise à la fois par le style de l'auteur (je précise que j'ai lu la traduction de Victor Llona), par la construction du récit et par le récit lui-même.

J'ai immédiatement adhéré à cette histoire tellement pleine de notre humanité : vouloir réaliser un rêve, aimer un être tout en se croyant aimé et réaliser trop tard qu'on s'est douillettement enraciné dans un rêve idyllique sans se préparer à la déception, à la souffrance et à la réalité, se confronter au manque d'idéal ou de fidélité des autres, mentir pour se valoriser, jouer un rôle, chercher à se hisser au niveau chimérique de ceux qu'on admire, chercher à atteindre un sommet et pour cela ne reculer devant aucune bassesse ni aucune manigance...

***ALERTE SPOILERS***
Le roman commence par ces mots qui m'ont tout de suite séduite :
"Quand j’étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit :
– Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi." et s'achève avec ces mots tout aussi forts :
"C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé".

Le passé, le présent et l'avenir... l'existence, construire sa vie, voilà le fil rouge du récit, vouloir se réaliser et placer au point culminant de sa vie l'amour même si celui-ci est inaccessible, bancal, mensonger, perdu et ne garantit pas le bonheur. Les illusions et la force de l’auto-persuasion vibrent chez Gatsby comme chez Nick, Jordan, Myrtle, Daisy comme des cordes sensibles...

Ce court roman au rythme très enlevé et qui noie ses protagonistes dans une fête ininterrompue largement arrosée de Champagne prend souvent des allures de pièce de théâtre. J'ai ressenti l'émotion et la personnalité de chaque personnage, leur drame individuel m'a habitée chacun à sa manière. L'approche psychologique des hommes comme des femmes, tout en finesse et en sobriété, offre également un témoignage réaliste et cru de la mentalité des Blancs américains pendant les Années Folles.

Gatsby, ce nouveau riche plein de paradoxes, qui avance dans l'ombre tout en faisant scintiller les étoiles de tous les excès, cet amoureux transi au sang-froid affecté et qui pense sincèrement qu'on peut changer le passé en misant sur le présent et en décidant de son propre avenir, offre une figure touchante et pathétique qui a éveillé ma compassion et mon affection.

On pourrait être tenté de réduire la morale de cette histoire à l'adage "l'argent ne fait pas le bonheur" or ce récit est riche d'une foule d'autres enseignements sur la nature humaine et dépasse largement le seul thème de l'arrivisme.

Je recommande chaudement la lecture de ce grand petit roman.

Créée

le 28 mai 2014

Critique lue 1.8K fois

4 j'aime

2 commentaires

Gwen21

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

4
2

D'autres avis sur Gatsby le magnifique

Gatsby le magnifique
antarctica
9

C'est l'histoire d'un livre génial.

Un livre génial et fou, avec une lumière verte de l'autre côté, un homme avec des lunettes qui lui donnent l'apparence d'un hibou, des gens qui jazzent, boivent, baisent et renversent des idiotes...

le 28 sept. 2010

42 j'aime

3

Gatsby le magnifique
Vincent-Ruozzi
8

Lettre (incluant des spoils)

Mon cher Gatsby, Cette lettre ne te parviendra sans doute jamais, mais à cœur vaillant rien d’impossible. Il est loin à présent ce temps où West Egg vivait au rythme de ces nuits folles passées dans...

le 5 mai 2016

37 j'aime

Gatsby le magnifique
FloBerne
10

Il était une fois dans l'ouest

"The Great Gatsby" est un livre magnifique, le genre d'oeuvre d'une beauté rare qui te transporte pendant deux cents pages, pour t'abandonner lâchement sur le bord du trottoir, aux côtés de tes...

le 13 déc. 2015

19 j'aime

2

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

67 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

33 j'aime

8