On rit beaucoup dans et de George Dandin aussi bien en 1668 qu'aujourd'hui signe du talent de Molière pour les comédies là où les tragédies auront toujours été des échecs cuisants chez lui.
George Dandin doit être un parent proche du Sganarelle du Médecin Malgré lui. Un type qui n'a pas un mauvais fond mais qui combine plusieurs défauts le rendant particulièrement ridicule. Dont le plus évident étant sa faculté à être berné par sa femme. D'ailleurs, Dandin, dindon, se dandiner, c'est la même chose et ça n'aide pas à le prendre au sérieux. Encore moins quand il s'adresse au spectateur lorsqu'il est en difficulté ou quand il se cogne à Colin dans le noir, tombe par terre et se plaint d'être estropié.
Au contraire, sa femme Angélique et Claudine, sa dame de compagnie, apparaissent comme des femmes fortes, intelligentes, rusées, ayant réponse à tout, avec toujours une longueur d'avance, comme les appréciait Molière.
Molière avait beau être un maître du rire, il n'en était pas moins un fin observateur des mœurs de son époque. George Dandin est un tableau du mariage au dix-septième siècle où on ne se mariait pas par amour mais par intérêt financier ou pour augmenter son statut social. La femme n'avait pas droit au chapitre. Elle était soumise à ses parents d'où l'idée de Molière d'également se moquer d'eux (les Sotenville, couple de bourgeois sans le sou) comme il le fait avec George Dandin.
La conclusion est pourtant assez amère. Ce mariage est un échec et on se demande combien de temps il peut encore tenir. Dandin envisage de se jeter dans la rivière. Se suicidait-on beaucoup à l'époque et pour cette raison-là en particulier ? Je ne sais pas du tout. En tout cas, voir Molière, artiste multi-casquette, jouer Dandin sur scène, ce devait être un régal.