Allez je la démarre doucement, cette rentrée francophone, mais quand j'ai vu le titre j'ai pensé aux petites frangines born and raised in Paris, ou en tout cas en bordure ce qui est presque pareil à peu de chose près si tu veux tout savoir.
Forcément c'est pas le cas de l'adolescente de ce texte, La Grande Couronne, c'est le Paris qu'est même pas sur les cartes du RER. Alors forcément à la veille de l'an 2000, alors que tout le monde se demande si le bug va tout faire disparaître, t'as des gosses du collège qui rêvent d'avoir les sapes qu'on voit sur M6 le samedi matin, et quand tu vis dans la famille de l'adolescente du roman tu peux courir pour avoir des marques aux petit dej et sur tes cintres.
La solution ? faire partie des Magritte. Bon faut pas trop le crier sur tous les toits, le but c'est de sucer sur le parking d'une école privée et de ramasser les sous auprès de Miguel qui est un mac bien bien craignos et qui a tout un réseau de collégiennes comme Nelly et Chanelle qui lui arrondissent ses fins de mois.
Sur fond d'extra-lucidité, d'innocence et de tapis roulant sur lequel défilent ses rêves, Salomé Kiner raconte avec humour parfois bien glauque et bien grinçant, le quotidien d'une jeune juive de banlieue parisienne subissant l'éclatement de sa famille dysfonctionnelle, les premiers joints, les premiers TDS pour se payer un agenda Diddl et la douceur des frites McCain.
Les influences sont parfois citées- parfois pas ; j'ai pensé à Bayamack-Tam, Despentes et Sciamma, à Gary, Anne Franck et Lolita Pille (l'ancienne), ça m'a soufflé un gros vent de nostalgie (ma toxicité fétiche si tu veux tout savoir) et du coup je peux pas être objectif.
Tout ça pour dire que j'ai adoré Grande Couronne, et si les petites frangines dont je parlais au début lisent cet avis, elles peuvent se plonger dans la lecture de ce court roman, ça résonne universellement, c'est fou c'est grand, j'espère vraiment que ça fera beaucoup de bruit !
See you