Le recueil se scinde en quatre parties. La première est une sorte de longue pause contemplative, toujours avec un rapport au temps, souvent au passé. La halte sur le parcours est véritablement un arrêt poétique. Puis vient la deuxième partie, avec ses scènes de la vie quotidienne, banales, parfois monotones. le poète est un voyageur exilé, qui se fond dans le décor des villes, dans leur rythme, leurs odeurs. Puis la vie glisse de la surface, elle s'efface au profit de ville même. Dans la troisième partie, les descriptions se font plus froides, plus distancées. le poète n'est plus une pièce du décor, il est l'architecte. La thématique de l'exil se fait également plus présente dans cette dernière partie. L'absence quasi totale de ponctuation renforce cette impression d'unicité territoriale, de pays sans frontière. Mais cet exil s'exprime aussi à travers le temps : c'est un devoir de mémoire, l'écho comme lien entre le passé et le présent. Cette halte sur le parcours, ce sont des interstices géographiques et temporels et de la vie qui s'y écoule.
Si dans l'ensemble la lecture est agréable, que les thématiques se développent bien, la forme est bien trop inconstante. Tantôt il y a de véritables fulgurances, auxquelles succèdent des platitudes qui rendent la poésie de Brussel superficielle. Parfois, et même souvent, Brussel se perd dans un style trop direct, trop théâtral. Quelques tournures maladroites, trop orales, alourdissent une forme qui se veut résolument moderne. La syntaxe aussi détonne. Dans la lignée d'un Rolf Dieter Brinkmann , la poésie de Brussel est composée de refrains, de séquences narratives, de bouts de lettres. Mais surtout le poète se fait photographe : il capture des moments, des situations. La poésie est alors un snapshot.
S'il y a énormément de choses à retirer de l'écriture de Brussel, il y a également un trop grand relâchement général qui saute aux yeux.

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le 12 juin 2016

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