Quand vous lisez ce livre, vous vous dites que les Anglais de maintenant si atypiques dans leur façons démonstratives s'il en est, et leur manièrisme affecté, ont tout appris de ce livre mal dégrossi, et même pour parler vrai, pragmatique, tout à fait débile! Pour moi, ce n'est pas le même auteur, Shakespeare arent'you, qui a fait Richard III, oeuvre magnifique, ou Roméo et Juliette, pareil: tout simplement superbe, et Hamlet, livre bâti du reste autour de ce-dernier: prince qui veut venger la mort de son père et qui, dieu sait pourquoi au fond, se fait passer pour fou. Et effectivement, ce livre est fou, sans queue ni tête, les phrases sont souvent inachevées, coupées ou volontairement paradoxales, insensées; et voilà pourtant que le livre pour une seule question qui ferait tout son charme : "to be or not to be", est devenu le livre-référence de Shakespeare et de la gentry littéreuse...En fait, si Shakespeare eut voulu se moquer de la fatuité béate et imbécile de ses congénères anglo-saxons, de ses contemporains comme de leurs avatars du futurs, il n'eut pas fait mieux que de les exhorter à croire que cette farce macabre mais surtout abrutissante "Hamlet" était l'oeuvre majeure qu'il fallait connaître, tel une Bible de l'esprit, ou petite philocalie...Il n'y a en fait rien à tirer de ce livre qui puisse engendrer quelques vérités profondes dont Shakespeare avait le secret, c'est peut-être même son seul livre qui soit totalement absurde, à croire même que Kafka aussi bien que Mallarmé s'en seront largement inspirés pour leur oeuvre qui se voulait totalment déconnectée du réel et du sens, tant dans le fond que dans la forme. Et pourtant c'est bien ce livre qui a gagné la première place pour la postérité de la popularité universelle de Shakespeare...La farce aura donc trahi son maître, si tenté que ce soit vraiment lui qui l'ai écrit, mais ce que l'on retiendra surtout, c'est que les prophétes littéreux qui ont encensé ce livre ont décidément tout fait pour porter la Bétise et la Vanité à son pinacle. Et sans doute, faut-il remercier tant de critiques idiots assidus à ce principe, pour admettre qu'aujourd'hui comme hier c'est toujours l'inanité qui compte le plus, et nous fait tant reculer...
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