Hedda Gabler ou le refus de la médiocrité
Considérée comme l'une des œuvres maîtresses d'Ibsen, Hedda Gabler diffère des précédentes, notamment à travers ses dialogues plus décousus, plus énigmatiques. On ne retrouve pas le même sens de la formule qu'auparavant, le même ton sentencieux distillant une teinte tragique. Ibsen a privilégié ici un travail sur la psychologie et sur le caractère de sa protagoniste. C'est pourquoi Hedda Gabler ressemble tant à une figure romanesque plutôt qu'à un personnage dramatique.
La pièce retrace la déchéance d'une femme en 24 heures. Tout commence par le retour de voyage de noces de notre personnage éponyme accompagné de son jeune époux Tesman. Il est historien et attend sa nomination de professeur avec impatience. Le couple s'avère très mal assorti. Tandis que Tesman est un homme sans grande envergure, Hedda a tout d'un personnage emblématique. Elle s'ennuie terriblement malgré tout le confort bourgeois que son mari a souhaité lui offrir. Le retour de Lovborg, ancien amant de Hedda et rival sur le plan professionnel et intellectuel de Tesman, va chambouler les projets de chacun. Pour échapper à son ennui, par amour, par jalousie ou bien encore par machiavélisme, Hedda manipule son entourage à coup d'intrigues. Mais qui est réellement Hedda Gabler ? Quelles sont ses véritables motivations ?
Hedda Gabler incarne une héroïne de tragédie au milieu d'un drame bourgeois. Le spectateur / lecteur ne parviendra pas toujours à la comprendre mais il l'admirera pour sa volonté de rester une femme libre en cherchant à échapper à la condition que la société lui impose : tantôt épouse, tantôt mère, tantôt amante.
Hedda Gabler est une pièce terriblement moderne, juste et grinçante, aussi agréable à lire qu'à voir sur scène (gros coup de coeur pour la mise en scène d'Ostermeier)