Pardonnez, si j’achève en peu de mots un récit qui me tue…
« … Je vous raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer. »
Ces quelques phrases, après la lecture de Manon Lescaut, me restent en tête, lancinantes, tellement qu’aujourd’hui je les connais par cœur.
Ce livre, c’est encore un coup de cœur, et je dois dire que lorsque je l’ai commencé, je ne pensais pas du tout qu’il finirait dans mon top 10.
Mais le fait est que cette tourmente dans laquelle est plongé le Chevalier, à cause de cette femme impitoyable, qui le manipule, et lui, qui l'aime bien trop.
Ce que l’histoire met en avant, c’est cette relation malsaine, un amour non réciproque ou bien deux conceptions de l’amour et de l’honneur beaucoup trop éloignées pour ne pas finir tragiquement.
Le Chevalier nous raconte donc ses déboires et ceux de sa bien-aimée, et on le voit s’enfoncer toujours plus profond dans son amour, perdre sa lucidité et accumuler les erreurs de jugement qui finiront par le mener en Amérique, à suivre Manon, à tenter de réparer les erreurs de cette femme qu’il aime et dont la beauté est peut-être finalement le plus grand problème.
Evidemment, il fallait que cela se termine mal, un pur échec, la mort de Manon qui, même si dans un certain sens elle met fin aux tourments du Chevalier, l’enferme jusqu’à la fin de ses jours dans la tristesse.
La fin fait mal, très mal. Il n’est pas question de reconstruction. C’est une fin absolue.
« Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse. »