Approchez Mesdames et Messieurs ! Venez voir l'obèse Fatty Arbuckle qui assassina une starlette en lui enfonçant une bouteille de champagne dans le vagin ! Admirez le fort bien membré Charlie Chaplin, ruiné par une fille de 16 ans guidée par une mère vénale ! Regardez la bomba latina Lupe Velez, mal remise d'une histoire d'amour avec Johnny Weissmuller, mourir noyée dans son vomi !
Lire Hollywood Babylone, ce n'est rien de plus que de se soumettre au voyeurisme que peuvent susciter les monstres de cirque ou les BD érotiques (voir Dirty Comics http://www.senscritique.com/bd/Dirty_Comics/critique/9197368), qui partagent avec cet ouvrage le fait de s'être échangé sous le manteau.
Car le livre de Kenneth Anger est culte. Publié sous forme d'esquisse en France en 1959, sa parution dans sa version définitive aux Etats-Unis en 1965 puis en 1975 fit scandale. "Si l'on peut trouver une qualité à ce livre, c'est bien de n'en avoir aucune", lit-on à l'époque dans le New York Times. Hollywood Babylone est vite épuisé, rajoutant à sa légende.
Orgies, viols, drogue, meurtres : les carrières, souvent déchues, des acteurs et autres producteurs entre la création d'Hollywoodland et les années 1960 nous est décrite avec force détails. La véracité des anecdotes, compilées de tabloïds d'époque, est sans doute à remettre en cause. D'ailleurs, Kenneth Anger lui-même fustige ce type de presse : il faut voir avec quelle véhémence il traite les chroniqueuses mondaines. Sous sa plume, Lolly Parsons devient "Paganini de la bêtise".
Mais l'auteur montre une certaine tendresse à explorer les noirs secrets de ces stars, parfois avec un style un peu pompeux. En contraste des drames, les nombreuses photos font apparaître des visages d'anges. Venir salir le glamour, savoir que cette industrie n'est qu'un mirage, ne fait que renforcer la magie du cinéma.