Houris
5.8
Houris

livre de Kamel Daoud (2024)

Avec Houris, Kamel Daoud plonge au cœur de l’Algérie contemporaine, explorant des thèmes tels que la décennie noire et la condition des femmes. Si l’écriture est d’une beauté remarquable, l’émotion m’a manqué et je suis restée à distance. Un récit sombre et sans concessions, rythmé par des personnages marquants, mais parfois trop fugaces, comme la lumineuse Khadija.


Comment débute le livre ?

Aube parle au bébé qui est dans son ventre. Elle lui décrit sa mère qui peut à peine se faire entendre, sa cicatrice « presque dix-sept centimètres », un peu plus bas que son visage et qui s’étire jusqu’aux oreilles. Le bébé est une fille, elle en est certaine et elle l’appelle Houri, comme ces créatures célestes qui, au paradis, récompensent les bons musulmans.


Qu’en ai-je pensé ?

Le livre est composé de trois parties. La première est une longue plainte où on apprend, presque accessoirement, l’histoire d’Aube. La deuxième est de nouveau une lamentation qui n’en finit pas, même si l’auteur a trouvé une façon astucieuse de glisser des faits et des chiffres. Malheureusement, l’émotion est aussi présente que dans un plateau de fruits de mer, voire moins. J’ai pourtant noté un passage qui m’a bouleversée, celui où des gendarmes prennent la cicatrice d’Aube pour les conséquences d’une agression sur une prostituée. C’est la faute de la femme, toujours.

Enfin, la dernière partie est plus rythmée, mais elle m’a déroutée, encore un récit glauque. Un nouveau personnage va raconter son histoire, et elle fend le cœur. La fin comprend néanmoins un merveilleux excipit.


Aujourd’hui, il est interdit de parler des années noires en Algérie, au nom de la réconciliation. J’aurais aimé que l’auteur évoque davantage les conséquences. Gaël Faye a fort bien évoqué les difficultés de la réconciliation au Rwanda dans Jacaranda.

Kamel Daoud énonce beaucoup de faits, mais il n’en tire aucune leçon, aucune réflexion. C’est noir, sombre, violent et… c’est tout.


Créée

le 13 janv. 2025

Critique lue 6 fois

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur Houris

Houris
may_h10
3

Creux et pompeux : le faux-semblant littéraire

Après une vingtaine de pages, Houris de Kamel Daoud déçoit déjà, malgré mes attentes élevées en tant que lectrice passionnée et exigeante. Le style de Daoud se veut poétique et profond, mais il tombe...

le 9 nov. 2024

4 j'aime

11

Houris
Cinephile-doux
7

Du sang, de la terreur et des larmes

Houris est un cri ininterrompu, sur plus de 400 pages, qui remémore une époque abominable, qu'il est interdit d'évoquer aujourd'hui, en Algérie, cette décennie noire, que les autorités embaument dans...

le 3 nov. 2024

4 j'aime

15

Houris
Kittiwake_
9

Critique de Houris par Kittiwake_

C’est sur le ton d’une élégie que Kamel Daoud donne la parole à Aube, rescapée d’un massacre lors de la guerre civile en Algérie dans les années 9à. Rescapée mais muette, une décapitation ratée...

le 15 oct. 2024

4 j'aime

Du même critique

La Vague
cath_lit_et_chroniqu
7

D'après une expérience réelle

Ben Ross, professeur d’histoire, peine à répondre aux questions de ses élèves sur le nazisme. Pourquoi personne n’a essayé de les arrêter ? Comment peut-on massacrer dix millions de gens sans que...

le 14 mars 2024

1 j'aime

Retour à Killybegs
cath_lit_et_chroniqu
9

Poignant

J’ai préféré Retour à Killybegs de Sorj Chalandon à Mon traître, mais je ne l’aurais sans doute pas tant aimé si je n’avais pas lu ce dernier.Tyrone Meehan naît le 8 mars 1925 dans un foyer...

le 6 mars 2024

1 j'aime

Confessions d'un masque
cath_lit_et_chroniqu
10

Une écriture somptueuse

Nul doute que Kochan, un garçon frêle et chétif, renvoie à Yukio Mishima lui-même. Il a écrit ce livre à 24 ans. Il en a fallu du courage pour laisser tomber le masque et publier ce roman dans le...

le 1 mars 2024

1 j'aime

2