Avec Houris, Kamel Daoud plonge au cœur de l’Algérie contemporaine, explorant des thèmes tels que la décennie noire et la condition des femmes. Si l’écriture est d’une beauté remarquable, l’émotion m’a manqué et je suis restée à distance. Un récit sombre et sans concessions, rythmé par des personnages marquants, mais parfois trop fugaces, comme la lumineuse Khadija.
Comment débute le livre ?
Aube parle au bébé qui est dans son ventre. Elle lui décrit sa mère qui peut à peine se faire entendre, sa cicatrice « presque dix-sept centimètres », un peu plus bas que son visage et qui s’étire jusqu’aux oreilles. Le bébé est une fille, elle en est certaine et elle l’appelle Houri, comme ces créatures célestes qui, au paradis, récompensent les bons musulmans.
Qu’en ai-je pensé ?
Le livre est composé de trois parties. La première est une longue plainte où on apprend, presque accessoirement, l’histoire d’Aube. La deuxième est de nouveau une lamentation qui n’en finit pas, même si l’auteur a trouvé une façon astucieuse de glisser des faits et des chiffres. Malheureusement, l’émotion est aussi présente que dans un plateau de fruits de mer, voire moins. J’ai pourtant noté un passage qui m’a bouleversée, celui où des gendarmes prennent la cicatrice d’Aube pour les conséquences d’une agression sur une prostituée. C’est la faute de la femme, toujours.
Enfin, la dernière partie est plus rythmée, mais elle m’a déroutée, encore un récit glauque. Un nouveau personnage va raconter son histoire, et elle fend le cœur. La fin comprend néanmoins un merveilleux excipit.
Aujourd’hui, il est interdit de parler des années noires en Algérie, au nom de la réconciliation. J’aurais aimé que l’auteur évoque davantage les conséquences. Gaël Faye a fort bien évoqué les difficultés de la réconciliation au Rwanda dans Jacaranda.
Kamel Daoud énonce beaucoup de faits, mais il n’en tire aucune leçon, aucune réflexion. C’est noir, sombre, violent et… c’est tout.