L'idée de départ est intéressante : imaginer l'enfer non comme le fournaise emplie des pires instruments de tortures que nous a légué l'imaginaire populaire, mais comme un grand hôtel milieu de gamme dans lequel les hôtes se chargeraient eux-mêmes, par la seule confrontation de leurs personnalités propres, de faire vivre les tourments les plus affreux à leur colocataires pour l'éternité.
Le problème c'est que le traitement du sujet, à la fois froid et verbeux, n'incite pas à la réflexion. On prend vite Garcin en pitié, Inés pour une déséquilibrée et on se désintéresse d'Estelle la simplette frivole. Et ce ne sont pas les enjeux portés par chaque personnage qui piquent la curiosité du lecteur : le courage n'est plus, peut-être à tord, la valeur qu'il a été ; l'infanticide perpétré par Estelle, nous semble une justification à la légalisation de l'avortement (ce qui n'excuse pas sa légèreté), et le crime passionnel d'Ines, l'héritier banal d'une grande tradition romanesque.
Un théâtre "intellectuel", dont la lecture ressemble furieusement au compte rendu d'un débat philosophique un peu mou. Reste à se faire une idée définitive en voyant Huis clos mis en scène.