Il est toujours agréable de découvrir un nouvel auteur qui se démarque par un style très personnel, c’est le cas de ce roman choral qui fait apparaître avec talent une douzaine de personnalités issues de la communauté des Indiens d’Amérique. Avant tout chose le prologue nous donne le ton sur une communauté minoritaire encore stigmatisée dans une Amérique coupable de génocide. Le découpage est original chaque chapitre court concerne le destin d’une personne que l’on retrouve au fil du récit. On aurait pu penser qu’il s’agisse de courtes tranches de vie mais c’est plus que cela. Nous allons découvrir les différents liens qui peuvent unir ces personnages et les interactions entre eux sont habilement amenées. Ces portraits d’indiens de la ville sont brossés avec amour et empathie, on y dévoile leurs faiblesses et leurs forces. L’image que nous pouvons avoir des natifs comme des personnes à la recherche de leur identité est entachée par l’alcoolisme, la drogue, le suicide et la perte de repère. Tout va se jouer lors du grand rassemblement tribal annuel qu’est le Pow Wow d’Oakland. Leurs motivations pour s’y rendre sont personnelles, certains y vont pour danser ou jouer du tambour, un autre pour recueillir la parole des anciens, nous suivrons aussi des organisateurs de la manifestation et le maître de cérémonie et d’autres avec des buts moins avouables. Cette une grande famille où chacun peut se ressourcer et se connecter. Chaque tribu expose fièrement ses différences et les vêtements de cérémonies sont bariolés et portés pendant la danse traditionnelle. Pourtant un nuage noir plane au dessus de leur tête qui éclatera, révélant la brutalité, la violence et la destruction. Nombreux sont ceux qui seront alors touchés par ce drame. L’écriture est superbe à ce moment j’avais le sentiment de vivre un épisode en Slow Motion, un ralenti frisant l’arrêt sur image afin que la tragédie s’encre profondément en nous. Une lecture riche d’enseignements et une émotion intacte. Bonne lecture.