Pour la forme. - J’apprécie beaucoup les récits où l’on commence par la fin et où l’auteur déroule ensuite les événements un à un pour comprendre comment on en est arrivé là.
Pour l’histoire. - Ce qui se passe dans ce livre est plutôt horrible sur de nombreux points, soyons francs. Sincèrement, âmes sensibles s’abstenir sur certains passages.
Deux grands points de vue sont à relever dans cette histoire : d’une part l’histoire familiale de Kevin et d’autre part la situation de la mère après « l’événement majeur » du livre.
J’ai trouvé que les quatre personnages principaux (Kevin, ses parents et sa sœur) étaient « réels », pas stéréotypés, ce qui contribue à ressentir de nombreuses contradictions dans les sentiments que l’on développe pour eux. On assiste à la perdition d’un couple qui se désagrège du moment où l’idée de faire un enfant est abordée. Par conséquent, on se doute bien que Kevin va être en souffrance. Mais en même temps, on est touché par les efforts que fait la mère pour instaurer une relation avec son fils, et on en vient même à détester ce dernier, même si c’est un enfant. Leur relation, sujet au cœur même du livre, est d’une étonnante complexité.
D’un autre côté, la mère est donc ensuite confrontée quotidiennement à « ce » qu’a fait Kevin. Elle subit les remarques, les vexations, l’ignorance, les vengeances plus ou moins grandes et surtout la solitude.
Certaines longueurs du récit et sa densité donnent parfois envie d’abandonner le livre dans un coin pour un temps, mais n’hésitez pas à vous accrocher, parce qu’on reste avec ces quatre-là jusqu’au bout.
C’est le genre de récit qui vous livre les faits de manières très neutre, factuelle, sans vraiment faire de lien de cause à effet. Voilà comment cela s’est passé. Vous devez en pensez ce que vous voulez/pouvez. A vous de voir. Et j’aime beaucoup ce genre là !
Un bémol. - Oui les choses s’enchainent mal pour Kevin et ses parents et l’issue de son histoire nous semble presque couler de source. Mais comme quand il est question des enfants battus, ne jamais négliger le concept de résilience, qui existe bel et bien et permet à des personnes telles que Kevin de s’en sortir et de devenir quelqu’un de bien.
Le film. - Pour info, il est beaucoup plus soft que le livre mais les acteurs, particulièrement Tilda Swinton et Ezra Miller nous font complètement ressentir l’ambiance du livre.